Un groupe suspendu aux lèvres de Judith Poirier. Crédit photo : Jean Minguy

Lueurs : et si on ramenait le conte à sa forme la plus simple ?

Qui dit conte ne dit pas nécessairement one wo·man show, et le Festival de contes et menteries, organisé par les Ami.es Imaginaires et se déroulant à la Maison de la littérature de Québec, a su nous en donner la preuve. Le spectacle Lueurs, proposant une formule très intime, a immédiatement piqué ma curiosité.

Par Florence Bordeleau-Gagné, journaliste multiplateforme

Le grand vent qui soufflait dehors en ce 4 avril faisait du foyer de la Maison de la littérature un véritable refuge hors du temps, et dans les deux sens : nous y étions à l’abri du « mauvais temps », et les conteur.euses présent.es se préparaient à nous offrir des histoires intemporelles, des histoires volantes, des histoires de ces choses à la fois fabuleuses et concrètes qui trouvent si bien leur place dans l’oralité.

Les artistes Mireya Bayancela, Paul Bradley, Maude Leduc Préfontaine, Odette Morneau, Monsieur Mouch, Judith Poirier, Hamidou Savadogo et Jocelyn Thouin ont veillé les chandelles tout au long de la soirée. Car le concept était le suivant : les spectateur.ices, installé.es à de petites tables, disposaient d’un lampion qu’iels pouvaient allumer à leur guise – la lumière symbolisant l’appel au conte. Un.e conteur.euse se présentait alors à la table, s’assoyait, racontait son histoire, éteignait la chandelle et quittait pour aller captiver l’attention d’un autre groupe.

Les contes étaient parfois drôles, parfois touchants, parfois courts ou parfois longs. Si l’artiste invité, Monsieur Mouch, prenait un malin plaisir à nous raconter de brèves histoires rappelant souvent les fables de La Fontaine – personnages animaliers, ludisme, petite morale à la fin – Jocelyn Thouin a fait le pari du poème imageant des histoires d’antan, tandis que d’autres collaient à une forme plus traditionnelle du conte.

Mireya Bayancela nous a partagé avec générosité, lenteur et douceur un magnifique conte équatorien. Judith Poirier nous a légué l’histoire d’un vieux couple isolé et silencieux, Odette Morneau un récit de vie presque spirituel. Coup de cœur certain pour les talents d’orateur d’Hamidou Savadogo, qui s’est emparé de notre attention avec ses gestes authentiques, ses regards appuyés, mais surtout son charisme qui a permis de tisser ce lien magique entre le conteur et ses spectacteur.ices, qui deviennent de véritables interlocuteur.ices, voire des acteur.ices essentiel.les au récit.

Pour les curieux.ses qui ne pouvaient pas se présenter au festival, sachez qu’il y a une soirée de contes présentée tous les 1er dimanches du mois à la Ninkasi, sur Saint-Jean. La prochaine prestation aura donc lieu le 5 mai 2024, à 19h30.

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