Crédit photo : SCCCUL

Une grève des chargé.es de cours cet hiver ?

Le 22 novembre dernier, le syndicat des chargé.es de cours s’est doté d’une banque de journées de grève de 10 jours. Bien que ses membres ne les aient pas appliquées à la fin de la session dernière, un nouveau blocage dans la négociation pourrait bien mettre en péril celle de l’hiver 2024. Quelles sont les potentielles conséquences de cette grève sur la population étudiante et quels enjeux la motiveraient ?

Par Antoine Morin-Racine, chef de pupitre aux actualités

Vous l’avez peut-être vu en entrant sur votre portail, le déroulement de la session d’hiver 2024 sera peut-être chamboulé par le déclenchement de 10 journées de grève potentielles par les chargé.es de cours. L’administration de l’Université a récemment tenu à faire appel aux services d’un.e conciliateur.rice du ministère de l’Éducation et les négociations ont récemment repris, mais la menace de grève plane toujours.

Près de 50% des cours à l’Université sont donnés par des chargé.es de cours, l’impact d’une grève serait ainsi considérable sur le déroulement de la session. Pour savoir si l’un de vos cours pourrait être reporté, il existe une liste de ceux-ci disponible sur le portail.

Répercussions potentielles sur la population étudiante

« L’impact d’une journée de grève serait celui d’une journée de tempête », affirme Louis Emond, président du SCCCUL et chargé de cours en enseignement. Par contre, « si l’administration continue à nous proposer des reculs », dit-il, la grève pourrait prendre une ampleur plus importante.

On peut imaginer qu’après une à deux semaines de grève, certains stages pourraient être dérangés et que des mesures de rattrapage deviennent nécessaires. Une grève serait particulièrement problématique pour plusieurs étudiant.es étranger.ères, elleux qui dépendent souvent de permis de séjour à date fixe. Un autre mandat de grève devrait toutefois être  voté en assemblée par les membres du syndicat afin de prolonger la grève au-delà de 10 jours.

« On sent que l’Université ne veut pas mettre en péril la session » a cependant tenu à mentionner M. Emond, ajoutant que l’administration est entièrement en mesure de répondre aux besoins en ce qui concerne à leurs demandes financières.

La rectrice n’étant pas disponible pour commenter et le vice-recteur ayant préféré s’en remettre à la Direction des communications, Jérôme Pelletier s’est exprimé pour la direction en disant d’une possible grève qu’elle ne serait « pas sans conséquences » pour les étudiant.es et qu’elle s’affairait à « conclure une entente dans les meilleurs délais ».

Une question de stabilité et de salaires

Pour le SCCCUL, la stabilité d’emploi et les salaires sont au cœur de la ronde actuelle de négociations, négociations qui ont commencé il y a presque un an.

Sur les 1600 membres du syndicat, aucun ne possède de permanence et le plus de stabilité qu’un.e chargé.e de cours peut espérer avoir se résume à des contrats d’un an, déplore son président. Celui-ci continue en soutenant que certains des cours qu’enseigne le membership du SCCCUL se donnent de manière stable depuis des années.

Cependant, beaucoup vont voir ailleurs après avoir enseigné à l’Université Laval. Pour M. Emond, l’insécurité d’emploi est en cause, mais aussi le salaire, qui est plus bas que dans bien d’autres universités québécoises. À l’UQAR, là où M. Emond a également travaillé, un.e chargé.e de cours gagne 1000$ de plus par cours en commençant qu’à Laval. Là où un.e chargé.e de cours de l’UQAR gagne autour de 12 000$ par cours, l’offre actuelle du SCCCUL établirait le prix d’un cours par session autour de 11 500$.

Faudrait qu’on leur donne envie d’être ici ! – Louis Émond, président du SCCCUL.

De son côté, la direction de l’Université souligne que les demandes du SCCCUL ont tout de même un « impact direct sur les coûts » et qu’elle souhaite « convenir d’indexations salariales concurrentielles en respect de [s]a capacité [à] payer ».

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