Crédits photo En juin: Je lis autochtone !

En juin : Je lis autochtone ! – Les suggestions d’Impact Campus (2/4)

Encore une fois cette année, l’initiative de Daniel et Cassandre Sioui En juin : Je lis autochtone ! est de retour pour une troisième édition dans le cadre du Mois national de l’histoire autochtone. Pour l’occasion, Impact Campus vous suggère différentes oeuvres tout au long du mois. Du roman érotique à la poésie, du théâtre à la bande-dessinée, découvrez ces littératures comme autant de nations, de communautés, de visions du monde. Bonnes lectures !

Par Frédérik Dompierre-Beaulieu (elle), journaliste multiplateforme

N.D.L.R. Bien que juin soit une merveilleuse occasion de mettre à l’avant-plan les questions des droits autochtones au Québec et au Canada, l’histoire et la culture des différentes nations et, dans ce cas précis, les auteur.rices, libraires et éditeur.rices autochtones, il faut se rappeler que ce n’est ni un simple effet de mode, ni un événement ponctuel. C’est encore moins une excuse pour justifier son tokenisme (ou diversité / inclusion / inclusivité de façade). Ce serait bien des valoriser leur parole et de les écouter à l’année (on dit ça comme ça…).

Nipinapunan (2023) – Alexix Vollant – Éditions Hannenorak
Crédits photo Éditions Hannenorak

Poésie

Quatrième de couverture / Extrait : Nipinapunan fait entendre la voix intérieure d’une jeune Innue de Pessamit qui cède à l’entêtement de son conjoint montréalais désireux de vivre, le temps d’un été, « le folklore et l’exotisme » d’une communauté autochtone. L’amour de la langue, du territoire, des origines, et les sentiments envers l’être aimé sont ici finement tressés, tout comme ce qui leur fait ombrage. Dans ce véritable chant du cœur, Alexis Vollant signe ici son premier recueil de poésie.

Commentaires : Avec Nipinapunan, qui signifie « l’endroit où on passe l’été » en innu aimun, Alexis Vollant nous fait entendre l’exode, le déchirement, mais aussi une poésie qui se déploie sous le signe du retour. Son recueil prête une voix au désir de connecter avec l’autre et de se reconnecter à soi-même, avant tout, afin d’en explorer les contradictions et les ambiguités. Sensible, l’écriture explore et se réapproprie le chez-soi nord-côtier à même le langage, les vers, la communauté et les relations, d’une liberté à réinventer.

 

 

Bâtons à messages / Tshissinuatshitakana (2005) – Joséphine Bacon – Mémoire d’encrier

Poésie

Crédits photo Mémoire d’encrier

Quatrième de couverture / Extrait : 

« Je me suis faite belle

pour qu’on remarque

la moelle de mes os,

survivante d’un récit

qu’on ne raconte pas.

 

Niminunakuitishun

nuash nishkana tshetshi uapatakaniti

tshetshi pishkapatakaniti

nin eka nita

tshe tipatshimikauian. » p. 82-83

Commentaires : Dans ce recueil bilingue français / innu aimun en formule miroir, Joséphine Bacon couche sur papier une poésie du territoire, du rêve, de la mémoire, mais surtout de la guérison et de la survivance. Son écriture invite au dialogue, au rétablissement de notre histoire collective, de ce que le colonialisme a pu briser et au partage de la connaissance de la culture innue. Le livre, semble-t-il, est son propre bâton à message. Il constitue d’emblée un leg et permet une transmission qui réside précisémment dans cette tension entre la prise de parole et les silences qui constituent le recueil et témoignent de la nécessité d’écouter. La voix de Bacon y est émouvante, riche, précise ; son souffle y est à la fois doux et fort.

 

 

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