Crédits photo En juin: Je lis autochtone !

En juin : Je lis autochtone ! – Les suggestions d’Impact Campus (3/4)

Encore une fois cette année, l’initiative de Daniel et Cassandre Sioui En juin : Je lis autochtone ! est de retour pour une troisième édition dans le cadre du Mois national de l’histoire autochtone. Pour l’occasion, Impact Campus vous suggère différentes oeuvres tout au long du mois. Du roman érotique à la poésie, du théâtre à la bande-dessinée, découvrez ces littératures comme autant de nations, de communautés, de visions du monde. Bonnes lectures !

Par Frédérik Dompierre-Beaulieu (elle), journaliste multiplateforme

N.D.L.R. Bien que juin soit une merveilleuse occasion de mettre à l’avant-plan les questions des droits autochtones au Québec et au Canada, l’histoire et la culture des différentes nations et, dans ce cas précis, les auteur.rices, libraires et éditeur.rices autochtones, il faut se rappeler que ce n’est ni un simple effet de mode, ni un événement ponctuel. C’est encore moins une excuse pour justifier son tokenisme (ou diversité / inclusion / inclusivité de façade). Ce serait bien des valoriser leur parole et de les écouter à l’année (on dit ça comme ça…).

Mononk Jules (2020) – Jocelyn Sioui – Éditions Hannenorak
Crédits photo Éditions Hannenorak

Essai

Quatrième de couverture / Extrait : Il existe dans chaque famille des histoires qui laissent des traces pour des générations. Des micromythes qui ne sortent pas de la microcellule familiale. Qu’on entretient un peu comme…comme le feu d’un poêle à combustion lente: une bûche de temps en temps.

Mononk Jules reconstitue le parcours de Jules Sioui, un Wendat qui a bousculé l’Histoire canadienne avant de sombrer dans un énorme trou de mémoire familial et historique. Dans sa tentative de comprendre comment s’écrit l’Histoire (ou comment elle ne s’écrit pas) l’auteur se retrouve, malgré lui, face à un colosse aux pieds d’argile.

Commentaires : Ce qui rend d’autant plus intéressante cette oeuvre de Jocelyn Sioui, considérée par certain.es « d’autohistoire », c’est la manière dont elle décolonise l’Histoire et son écriture, mais également les mentalités, la littérature, et ce, en informant, en redonnant une parole qui permet un recadrage narratif et un renversement des perspectives hégémoniques habituelles. Par l’intermédiaire d’une écriture somme toute personnelle, l’auteur fait se rencontrer les archives coloniales, mais aussi l’Histoire orale et l’imagination, dont les traces ou la disparition témoignent des biais conscients ou inconscients tantôt collectifs, tantôt appartenant plutôt aux personnages. Un texte nécessaire que je souhaite à toustes de découvrir.

 

Okinum (2020) – Émilie Monnet – Les Herbes rouges
Crédits photo Les Herbes rouges

Théâtre

Quatrième de couverture / Extrait : Émilie a un barrage dans la gorge, un cimetière d’ossements d’arbres (okinum). Un castor géant lui apparaît en songe : c’est un guide offrant sa médecine. Comment dire « aide-moi à me guérir » en anishnaabemowin ?

Au centre d’une scénographie envoûtante, la jeune femme cherche à déchiffrer le message du castor. En remontant le courant de son ADN, elle fait émerger les voix et les savoirs enfouis à même son corps. Les rêves sont le langage qui permet de communiquer avec les ancêtres, qui affine l’intuition.

Commentaires : Bien que je ne m’y attendais pas, Okinum m’aura non seulement plu pour la puissance des mots et de la voix d’Émilie, mais également pour sa dimension féministe qui permet de faire émerger la question des filiations au féminin. L’oeuvre, à caractère environnemental, se fait à la fois un lieu d’expression de la colère et de guérison, de réappropriation par le rêve, le corps, la langue. S’y mêlent segments poétiques et didactiques ; les frontières se brouillent, nous entraînent dans cet univers intime de la libération.

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