Photo : Émilie Pelletier

Émile Bilodeau à l’Impérial Bell: porter fièrement l’étendard de la chanson québécoise

Après un passage au Festival d’été qui, de son propre aveu, l’avait profondément marqué, Émile Bilodeau était de retour à Québec avec sa bande dans un Impérial Bell rempli à pleine capacité, le 10 février dernier.

Comment expliquer qu’à 21 ans, avec un seul album derrière la cravate, l’artiste à l’imagination débordante arrive à faire déplacer autant de gens ? Il faut voir les centaines de personnes chanter à l’unisson les J’en ai plein mon cass, Crise existentielle, Amour de félin et autres pour comprendre l’ampleur du phénomène de celui qui fut la révélation musicale en chanson de Radio-Canada et révélation de l’année à l’ADISQ en 2017.

Le jeune homme en pleine maitrise de son éternelle guitare a lancé le bal avec l’énergique Tu me dirais-tu, avant de saluer jovialement une foule déjà conquise. La soirée s’amorçait du bon pied pour Bilodeau qui semblait plus que ravi que la majorité des spectateurs l’accompagnent pour chanter. « On est ici pour célébrer l’amour et la musique », a-t-il lancé, débordant d’énergie. S’ensuivi ensuite l’intégrale de son album Rites de Passage, allègrement ponctué d’interactions avec le public, d’anecdotes personnelles, de nouvelles compositions et de quelques remarques politiques engagées.

Après 12 interprétations, tantôt calmes et intimes, tantôt rythmées, l’énergique chanteur bon-enfant a mis fin à la première portion de son spectacle avec une survoltée America au cours de laquelle on l’aura vu quitter la scène pour aller rapper sur l’une des mezzanines de la salle, déclenchant un mouvement généralisé de la part des gens qui voulaient capturer l’instant en photo. Moins d’une minute plus tard, il était déjà de retour sur scène pour y gratter les premières notes de la toujours populaire Ça va, au grand plaisir de la foule qui semblait l’attendre avec impatience. Empreint de générosité pour ses fans qui lui réclamaient un rappel, l’artiste s’est permis une reprise de I lost my baby de Jean Leloup pour clore la soirée avec un classique rassembleur.

Nouveau visage

À une époque où les artistes francophones se voient de plus en plus étouffés par les géants internationaux, Émile Bilodeau représente une véritable bouffée de fraîcheur et de renouveau pour une génération en manque de paroles décriant leur propre réalité. La moyenne d’âge des gens présents à l’Impérial en témoignait ; rares étaient ceux qui avaient plus de cinq ans de différence avec l’artiste.

Ce qui joue aussi en la faveur du jeune musicien folk à la désinvolture contagieuse, c’est son style musical facile d’approche que chacun peut s’approprier. N’ayant pas la voix pour pousser des notes vertigineuses, Bilodeau se rabat sur ses textes pour se définir une personnalité bien à lui. N’importe qui peut donc chanter sans retenue son répertoire.

Par ailleurs, au moment où le rêve souverainiste semble s’éloigner plus que jamais, le jeune homme originaire de Longueuil nage à contre courant et partage à tous qu’il croit qu’un jour, il aura son pays. Il s’agit là d’une potentielle bouée de sauvetage pour ceux qui lorgnent le départ des Dédé Fortin de ce monde, ceux qui gardaient l’idée bien en vie.

Peut-on aspirer à un deuxième album au courant de l’année ? Avec plusieurs nouvelles compositions déjà, il est clair que le projet est entamé.

Émile Bilodeau continue sa tournée québécoise et fera une apparition comme artiste invité aux Francouvertes lundi prochain, à Montréal.

Raton Lover

Le groupe québécois Raton Lover, fort de son style rock’n roll assumé chanté en français, s’est chargé de réchauffer l’ambiance au début de la soirée. Tout comme la tête d’affiche, les musiciens et particulièrement le chanteur Simon Lachance ont su créer des liens avec ceux qui étaient sur place à l’aide de nombreuses interactions et d’humour.

Consulter le magazine