Paris, je te hais ; Paris, je t’aime

Paris, toi et moi, on n’a jamais eu une belle relation toutes les deux, je dois le reconnaître. Pourtant, on s’est pas mal côtoyées. Tes rues, je les ai sillonnées. Haute comme trois pommes en serrant la main frêle de ma grand-mère, en poussant mon frère de quelques mois, dans les bras de ma mère, adolescente le nez dans le coup de mon amoureux, riant avec mes cousins et même vêtue de noir pour un dernier adieu à mes proches. Dans tes bras, j’ai vécu tellement de sentiments différents. Paris, je t’ai haïe ; Paris, je t’ai aimée.

Et puis, vendredi soir, Paris je t’ai pleurée. J’ai paniqué si loin de toi. Une nouvelle fois en 2015, je me suis demandé pourquoi…

Alors, j’ai pris mon cellulaire et j’ai égoïstement essayé de me rassurer : dans ces flaques de sang, y a-t-il une silhouette familière ? Mes doigts ont « taponné » sur les réseaux sociaux avec en fond, les chaînes d’informations en continu jusqu’aux lueurs du jour.

Oui, c’est égoïste. Ou humain. Au final, le résultat est là. Des morts, des blessés, des personnes choquées, de l’horreur et surtout la peur. Les personnes derrière ses attaques ont réussi leur coup. Car c’est ta culture qui a été la cible. Le Stade de France, c’est ton haut-lieu de football — malheureusement — sport national. La Bataclan, l’un des tes hauts-lieux de la culture musicale. Les restaurants et leurs terrasses, lieux de vie où la bonne bouffe se mêle à des vins goûteux.

On t’a touchée en plein cœur, pour rependre la terreur. On s’en est pris à tes habitants, à tes voyageurs, mais au fond, c’est toi qu’on a attaquée. Tu as été le décor d’un massacre sanglant, tu sais, ceux que l’on imagine dans la guerre.

Et je t’haïs aussi pour ça. Pourquoi tu n’as pas évité ce massacre ? C’étaient des pères, des mères, des frères, des sœurs, des quelqu’un pour quelqu’un d’autre. Mais la question est vaine. Tu es devenue une scène de guerre, sans pouvoir bouger. Dans la quiétude d’une soirée chaude de novembre, ton sang a coulé.

Mais je ne veux pas que tu deviennes sombre, toi la ville de lumière. La peur est présente dans nos cœurs, mais je t’en supplie, relève-toi ! Montre-nous ta force. Vois comme dans de telles situations, on est capable de s’unir pour toi. Et aujourd’hui, je troque mon kodak pour ma plume afin te dire que malgré ce fond de haine, je t’aime profondément.

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