Critique musique : Joie d’être gai des Trois Accords

À dos de licorne sur la route du bonheur

Pochette albumLes fans des Trois Accords avaient hâte de découvrir ce que le groupe allait leur concocter trois ans après la sortie de leur dernier album. En guise de cinquième opus, à paraître le 20 novembre, le célèbre quatuor de Drummondville dévoile Joie d’être gai, une fanfaronnade de bonheur toc qui se décline dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Avec J’aime ta grand-mère, leur album précédent, la qualité musicale des pièces avait grimpé d’un cran, grâce à des rythmes plus élaborés et des chansons accrocheuses, non pas seulement comme des vers d’oreille (comme l’étaient Hawaïenne ou Saskatchewan), mais aussi comme « de la vraie bonne musique », brodée de textes à l’humour absurde parfait.

Cette fois-ci, sans régresser carrément vers le style primitif des Trois Accords que l’on a connu il y a une décennie déjà, le groupe fait plutôt dans la pop-rock multicolore. Imaginez une petite cousine qui met son disque préféré de Simple Plan à répétition dans le lecteur, et qui débouche des pots de peinture en se prenant pour Jackson Pollock, avec des brillants et des dauphins en plus. Vous avez l’image.

La trame de l’album se dessine justement autour d’une esthétique très plastique. Des titres comme L’esthéticienne, Top bronzés, J’épile ton nom et C’est pas facial donnent l’impression d’être campé dans la salle d’attente d’un spa beauté. C’est un défilé de personnages animés par des ficelles de jeux de mots et de calembours, formule que le groupe exploite toujours aussi bien.

Imaginez une petite cousine qui met son disque préféré de Simple Plan à répétition dans le lecteur, et qui débouche des pots de peinture en se prenant pour Jackson Pollock, avec des brillants et des dauphins en plus.

Joie d’être gai, c’est aussi un peu comme une couche de vernis lustré de gaieté, une laque de rose fuchsia intense, posée sur une coquille qui résonne triste. C’est un peu comme ces êtres qui sont toujours trop de bonne humeur et qui s’habillent avec des vêtements de couleurs vives pour voiler leur tristesse.

Critique sociale envers les bonheurs de camelote et la beauté froide de l’esthétique ? On ne connait pas les Trois Accords pour faire dans ce genre et, bien heureusement, ce n’est pas le cas ici non plus. Parlons plutôt de tableaux colorés et de mauvais goût, comme des vidéos de chatons sur YouTube. Plaisir coupable : tout le monde aime en regarder, même si on sait qu’on ne devrait pas.

En somme, moins de joie que ce qu’annonce le titre, mais une chose qui ne change pas : leur musique nous colle toujours dans les oreilles plusieurs jours après écoute. La tête se balance toute seule sur les rythmes et on sourit particulièrement de l’imagination des gars qui ne perd pas de son lustre. C’est un talent remarquable que de savoir agencer du style Jean Leloup avec des licornes.

3/5

Joie d’être gai

Les Trois Accords

La Tribu

En magasin dès le 20 novembre

 

Consulter le magazine