Les Soeurs Boulay à l’Impérial : Une juste complicité

Pour une deuxième fois dans le cadre de la tournée de leur album 4488 de l’amour, les Sœurs Boulay se produisaient à Québec vendredi dernier. Dans un Impérial plutôt chargé, le dynamique duo a su marier ses chansons plus douces à celles plus énergiques, de manière à enflammer ce doux vendredi de février.

Le décor est simple, épuré : quelques maisons en bois accrochées au plafond, une batterie. C’est du moins ce que l’on aperçoit depuis le parterre, avant que ne débarquent les deux femmes, accompagnées de leur instrumentiste. Elles se lancent avec Les couteaux à beurre, puis Cul-de-sac.

Quoique l’ambiance ne soit pas très déchaînée dans la première moitié du spectacle, on sent un enthousiasme grandissant à mesure que les chansons s’enchaînent. C’est qu’elles ont tout qu’un verbe, les Sœurs Boulay! Savamment, elles entrecoupent leurs titres de taquineries – autant entre elles-mêmes qu’avec le public – de confidences et d’anecdotes. Légères, comiques, elles se donnent à l’autodérision sans broncher… ou presque! Rapidement, on est dans une ambiance festive et, surtout, intime.

Des vertes et des moins mûres

Les Gaspésiennes d’origine ne se gênent pas pour piger, au fil du spectacle, en dehors de 4488. À leurs classiques du Poids des confettis, tels que Mappemonde, Par le chignon du cou, Des shooters de fort sur ton bras, Stéphanie et Mélanie ajoutent quelques-unes de leurs nouvelles chansons de Lendemains, cet EP de quatre titres sorti à l’automne. La moitié de toi qui dort, dédiée aux mamans, et Mamie, mamie qui vient clore le spectacle, sont jouées avec justesse et équilibre.

Ces titres n’éclipsent cependant pas leur deuxième disque : à part Adaman Island et Alexandre, elles auront joué l’ensemble de cet album des petits malheurs et bonheurs du quotidien. Dix chansons sur 12 de 4488 donc, pour une vingtaine au total. Mention honorable à De la noirceur naît la beauté ; non seulement a capella comme il se doit, la pièce a été interprétée au haut-parleur. En rappel, les jeunes femmes sont revenues par l’arrière, passant parmi le public avant de remonter sur scène, et de s’abandonner au sublime second couplet. Prestation émouvante.

Céline (pas Louis-Ferdinand) est dans la place

Aussi au programme, Pour que tu m’aimes encore, reprise à Céline Dion. On ne sait pas trop si elles étaient sérieuses en révélant qu’elles jugeaient l’authentique version peu réussie… Néanmoins, la leur se révèle à leur image : un juste milieu entre l’instrument et la voix.

À la suite de quoi, elles ont entonné à la blague My heart will go on, avec la foule. Ce moment, au-delà de son essence résolument humoristique, traduisait surtout ce qui fait la force du duo : une complicité difficile à égaler, entre elles-mêmes et le public.

Mélanie au ukulele et à la guitare, Stéphanie, à la batterie, guitare (classique et acoustique) et piano nous ont livré en ce vendredi une prestation à l’air du temps : une soirée qui sent autant la douceur des premiers frémissements du printemps que le mordant de l’hiver québécois. Si on peut regretter l’absence de quelques-unes de leurs plus belles chansons – Sac d’école, entre autres –, on ne peut cependant ignorer l’indubitable : la Maison des Soeurs Boulay n’est certainement pas « juste pour nous deux », mais pour tous ceux et celles qui désirent s’arrêter un instant à leur vibrante musique.

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