À bout de bras

Je ne suis qu’un bout de moi, 

Ou la matérialisation de mon indécision

Je ne suis qu’un bout de pas assez, 

Et j’existe dans l’appréhension                 de ne pas reconnaître mon identité 

 

Du corps, 

Trois fondements me composent

 

La femme

L’homosexuelle

Et la fille de son père

 

La femme suit les autres femmes, celles qui savent parler haut et fort, celles qui exigent et s’affirment dans leurs revendications.

 

L’homosexuelle joue de ses couleurs, se fond dans la masse des fins de soirées, des fiertés assumées, 

Elle se rappelle celleux qui se célèbrent dans un murmure solidaire. 

 

La fille de son père s’encombre de poussière, sa pâleur ne clame pas son identité. 

La fille de son père voudrait les yeux bleus, les cheveux lissés pour s’allier à sa peau mensongère.

La fille de son père ne reconnaîtra la vraie nature de ses cheveux qu’après de nombreux échecs capillaires.

À 18 ans, la fille de son père décidera de porter ses cheveux comme elle ne les voit pas à la télé, de sommer sa reconnaissance ethnique.

La fille de son père se sait trop blanche de par sa peau, trop silencieuse de par sa voix et trop noire de par ses cheveux. 

Elle décidera plus tard de se trouver juste assez de tout et de s’écrire à même cette peau désavouée.

 

La fille de son père est ainsi à l’intersection de ses altérités Elle porte à bout de bras ses vérités Hésite à s’affirmer sans autant pouvoir se cacher Elle n’a pas le ton qu’il faut pour se politiser Pourtant le monde politise sa réalité Elle comprend Elle réalise plutôt que Politique signifie nécessité Politique signifie réappropriation Politique signifie l’évidence de son existence et son droit de se revendiquer dans son entièreté.



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