Quand l’Oktober fesse

Julien, c’est le profil typique du lavallois tout ce qu’il y a de plus normal. C’est un antihéros dans la peau duquel l’équipe de rédaction se glissera semaine après semaine pour vous raconter ses péripéties sur le campus. Dans le fond, Julien, c’est un peu tout le monde.

Jeudi dernier c’était l’Oktoberfest au Grand Axe de l’Université Laval. J’ai hésité un moment avant d’y aller parce que je vais jamais dans ces affaires-là. Je sais ben, je devrais m’intéresser pis participer à tout ce qui se passe sur le campus, mais en général j’y vais pas pis le lendemain je me tague dans des photos d’inconnus pis je commente les statuts Facebook de tout le monde en inventant des inside joke pis en remerciant les organisateurs. Ça revient au même, je trouve.

Je suis juste ben que trop badluckée, ce plan-là sentait la fin tragique. Soit je passe la soirée dans un coin à texter mes amis qui sont trop ivres pour me dire où ils sont, soit je meurs noyée dans un baril de bière, soit je me fais piétiner par une troupe de danseuses trop motivées toutes habillées en Allemandes sexy, je tombe amoureuse d’une d’entre elles, on s’en va vivre sur une île déserte pis on se nourrit exclusivement de bières pis de Bretzels pour le reste de nos jours. De toute façon, avec ce régime-là, tu passes pas les trente ans. Anyway, je suis pas une chochotte, pis j’avais vraiment pas envie de commencer mon satané cours à distance un jeudi soir à la sixième semaine (quoi, t’as commencé le tien tu vas me dire ? Get a life, bro!), fait que j’me suis rendue à l’UL voir à quoi ça ressemblait.

Dude, y’avait un manège. Peu importe le genre de soirée, quand y’a un manège, c’est big. J’ai passé la porte, j’me suis fait donner un bock tellement grand que j’aurais pu emménager dedans. J’me suis rentré le bras dedans jusqu’au coude pour attraper mon p’tit coupon pis j’ai fait la file pour d’la bière. La fille m’a demandé « Veux-tu d’la rousse ou d’la bière à la lime ? » Dans ma tête, c’est comme si elle me demandait si je voulais de l’emmental ou du Cheez Whiz. Voyons que les Allemands boivent de la bière à la lime. « D’la rousse, siouplaît. » Y’a fallu que j’en boive la moitié sur le champ parce que j’étais pas capable de le lever.

J’ai fini par trouver mes amis. « Heille! On s’en va faire le manège! » Je revois une question d’examen de math de quatrième année : « Des dizaines d’étudiants saoulés à la bière aromatisée embarquent dans un manège qui tourne super vite. Déterminez sur combien de kilomètres on va retrouver des traces de vomi. Laissez toutes les étapes de vos démarches. » Après un bref calcul, j’en suis venue à la conclusion que ça pouvait facilement se rendre jusqu’à mon char. J’ai calé mon bock pis j’ai couru jusqu’au stationnement. En chemin, j’ai croisé une Allemande sexy… fait que là je vous écris de mon île.

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