Les réseaux-poubelles ?

Les réseaux sociaux se sont rapidement enflammés dans les derniers jours.

Il y a eu les attentats de Paris, suivis de peu par cette rare vague d’appuis et de solidarité au peuple français, le Tricolore en tête, ou plutôt en photo de profil Facebook! On pouvait être n’importe où dans le monde et il était possible d’afficher son appui et sa sympathie à cette liberté qui rend la France si unique et distincte.

Et puis il y a eu les débats à propos des gens touchés personnellement et intimement par ce qui s’était passé à Paris. Se faisant reprocher par plusieurs de ne pas avoir affiché autant de solidarité pour les Libanais ou un peu plus récemment, pour les Maliens, qui ont eux aussi été la cible de la barbarie et de la violence gratuite.

Le débat était légitime, la question sensible et les préoccupations bien réelles. On se demandait : pourquoi la mort d’un Parisien provoque-t-elle plus d’émoi que celle d’un Malien?

D’un côté, les gens défendaient leur manière de réagir par rapport aux évènements de Paris et sentaient même qu’il était nécessaire de la justifier. De l’autre, l’incompréhension par rapport à une réaction immédiate, globale et spontanée alors que l’Horreur a rendez-vous quotidiennement avec l’Humanité.

Puis, le débat a glissé. L’arrivée des 25 000 réfugiés syriens au Canada dans les prochaines semaines est devenue le sujet principal sur les réseaux sociaux. Certains, qui ne s’étaient pas encore prononcés, ont saisi l’occasion pour brandir bien haut le flambeau de la haine et de l’intolérance.

Des choses se sont dites. Des bonnes et surtout des mauvaises.

On a vu des commentaires, des publications et même des pétitions contre l’arrivée de ces malheureux qui fuient la terre de leurs ancêtres parce que la misère la plus noire les touche comme personne n’a idée. Quitter, dans l’unique espoir d’un monde où il est possible de manger trois repas par jour, dormir sur ses deux oreilles et penser enfin à être heureux.

Le débat est alors devenu malsain. Le genre de débat auquel on ne s’attend plus dans une société civilisée et démocratique.

C’est un débat souvent légitime qui a cédé malgré lui sa place à un torrent de propos condamnables, dont le débit était fortement comparable à celui du déversement des eaux usées de Montréal dans le St-Laurent.

Les réseaux sociaux ont un grand potentiel. Dans la minute suivant un tel évènement, ils permettent d’être au courant et d’être un peu plus informé. Ils sont devenus les comptoirs des cafés d’hier qui étaient, pour Balzac, les parlements du peuple.

La différence c’est que le rempart de l’écran d’ordinateur n’existait pas : au café, il était encore possible de raisonner et d’argumenter avec les gens proférant des propos d’une telle bassesse.

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