Incertitude sur fond d’élections

 La faiblesse de la devise américaine par rapport aux autres monnaies aura eu pour conséquence de doper les exportations entre avril et juin. Avec une progression de 13,2% pendant cette période, le PIB aura été entraîné vers le haut avec un bond de 3,1%. Cette étonnante augmentation dépasse largement les prévisions du département du commerce des États-Unis qui prévoyait une modeste hausse de 1,9%.

Selon les analystes financiers, ce redémarrage de l’économie américaine ne devrait pas durer, car la consommation des ménages est fragile. L’effet des chèques envoyés aux contribuables américains par le gouvernement, pouvant atteindre plusieurs centaines de dollars, risque de s’essouffler. La persistance des prix élevés de l’essence et la hausse des prix des denrées alimentaires aura entraîné l’inflation à son plus haut niveau depuis 1991. Les consommateurs n’auront pas d’autres choix que de diminuer leur rythme de vie, ce qui risque de provoquer de nouveaux ralentissements.

De notre côté de la frontière, l’économie échappe de peu à la récession. Après un recul au premier trimestre, le PIB se stabilise avec une légère hausse de 0,1% au deuxième. Cette hausse est attribuable à une certaine augmentation des dépenses des ménages, mais cette progression est beaucoup moins élevée que les mois précédents. Selon Statistique Canada, les dépenses en biens durables, comme les voitures, ont chuté au profit des plus petits biens de consommation, comme les meubles et les vêtements.
La force du dollar et le fléchissement de la dépense en biens d’importations des États-Uniens aura encore entraîné vers le bas le volume canadien des exportations avec une baisse de 4,7% depuis juin 2007. Même les produits de l’énergie, comme le pétrole et le gaz, ont chuté considérablement avec une baisse de 3,7%. Le marché du travail résiste, avec une légère hausse de l’emploi. Cependant, cette statisque est amoindrie par une baisse du nombre
d’heures travaillées.

Malgré la stagnation de notre économie, les Canadiens reprennent peu à peu confiance. Selon, un sondage mené par la firme Harris/Décima, 6% moins de gens sont pessimistes face à l’avenir économique comparativement à mai. Par contre, cet optimisme serait peut-être injustifié. Selon Goldman Sachs, l’une des banques d’investissements les plus anciennes et prestigieuses de la planète, les chances que l’économie mondiale évite la récession ne seraient que de 20%.

La campagne présidentielle aux États-Uniens et la probable campagne électorale canadienne se produiront donc sur un fond d’incertitude économique, Obama et McCain tenteront de faire valoir leurs solutions pour diminuer la dépendance de leur économie aux énergies non-renouvelables. Et surtout, ils proposeront des idées pour relancer une industrie qui doit se réadapter à la compétition internationale. Reste à voir si ici au Canada, le débat tournera autour de solutions ou bien d’une vulgaire campagne sur le leadership.

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