L’économie selon The Economist

Après cinq années de boom économique, 2003-2007, qualifiées de «party years», l’économie mondiale connaît «une crise sans trop de précédent en termes de grandeur et de sévérité», a dit M. Ward. Les signes ne manquent pas; pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, le PIB mondial est négatif; en 2008, le marché immobilier aux États-Unis a connu sa chute la plus importante de tous les temps, surpassant celle de la grande dépression des années 1930.

Aux dires de l’économiste en chef de l’hebdomadaire britannique, «pratiquement aucun pays ne sera épargné des effets des répercussions de la crise». Même la Chine subit les contrecoups du ralentissement économique. La mondialisation a apporté une intégration des économies, ce qui implique une grande interdépendance. «Les gestes posés ont un impact direct sur les autres économies», a commenté Sam Hamad, ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale.

L’agressivité des mesures prises par les gouvernements et l’ajustement structurel à la baisse des prix des commodités permettent de croire que la crise pourrait bien se résorber. Par contre, rien ne garantit le succès des mesures adoptées s’il faut en croire M. Ward : «Il faut agir pour contrer la crise, on ne peut savoir si les mesures vont être efficaces, mais on doit espérer». Il évalue d’ailleurs à 30% les risques d’échec des politiques entreprises par les gouvernements à l’échelle de la planète.

Il faudra que les États-Unis recommencent à consommer pour sortir de la crise, sans quoi la reprise pourrait être extrêmement lente. Malgré l’enthousiasme provoqué par l’arrivée de Barack Obama, Robert Ward ne prévoit pas de retour à la normale avant 2011 et prévient que «la croissance économique, même une fois la crise passée, ne sera pas celle que nous avons connue lors des dernières années.» Pour entrevoir la fin du marasme économique, il faudra, entre autres, une stabilisation du marché boursier et des taux d’intérêt ainsi que du marché immobilier aux États- Unis, une monté de l’innovation et la fin de l’aversion au risque des investisseurs.

Le monde de demain
Robert Ward a affirmé que «le capitaliste n’est pas mort», mais que plusieurs changements
sont à prévoir au cours des prochaines années, dont un retour à la régulation des marchés, la fin de l’indépendance des banques centrales et l’augmentation de la capitalisation des banques. Les gouvernements ont donc la chance de reprendre du contrôle sur le système financier et le remodeler, mais ils devront penser globalement. De plus, ils devront éviter de tomber dans les pièges de la surrégulation et du protectionnisme s’ils veulent sortir de cette crise. Somme toute, personne ne peut prévoir ce qu’il adviendra de l’économie dans les prochaines années, mais une chose est sûre: la crise économique de 2008 aura des répercussions pendant encore plusieurs années.

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