La forêt en perspectives

Une plénière, à laquelle prenait part le forestier en chef du Québec, M. Pierre Levac, et animée par le responsable du programme en génie du bois à l’Université Laval, M. Michel Beaudoin, s’est tenue le samedi après-midi. Au cœur du discours de chacun des conférenciers se retrouvait le même désir de promouvoir une gestion durable des forêts. Les spécialistes s’accordent pour dire qu’il est de notre intérêt et de notre devoir d’entretenir un équilibre entre les aspects environnemental, économique et social de la coupe forestière pour assurer la pérennité de la ressource pour les générations à venir. «Le calcul de la possibilité annuelle de coupe à rendement soutenu tient compte de tous les facteurs pour assurer le maintien à long terme des volumes de bois disponibles», soutient le Forestier en chef. «Nous utilisons le logiciel Sylvia II pour une grande partie du calcul de la possibilité annuelle, ainsi que le nouveau logiciel Woodstock», précise-t-il à propos des méthodes préconisées. «Notre mandat consiste donc à déterminer avec précision, pour chaque essence, quel volume pourra être exploité, sur une aire d’aménagement forestier déterminée, afin d’assurer sa régénération», explique M. Levac.

Au cours des dernières années, le bois a été l’objet d’une très forte médiatisation, en raison notamment de la conscientisation de la population par rapport à l’environnement. Les experts considèrent que l’utilisation de la matière ligneuse peut être un important facteur dans la lutte aux changements climatiques. Le CO², l’un des principaux gaz à effet de serre, est emmagasiné dans le bois, qui sera composé d’environ 50% de carbone, même une fois transformé. L’utilisation du bois pour la construction, par exemple, permet de stocker des volumes de carbone pour de très longues périodes pendant que la forêt se renouvelle et continue sa photosynthèse purificatrice. «La différence est d’autant plus significative lorsque l’utilisation du bois permet de remplacer un produit, tel que le plastique ou le métal, dont la production génère encore plus de CO2», rappelle Evelyne Thiffault, ingénieur forestier du Service canadien des forêts et stagiaire post-doctorale à l’Université du Québec à Montréal. «Un mètre cube de bois évite l’émission de 1,1 tonne de CO²», ont affirmé les membres participants à la plénière.  Ce rôle de modérateur de la forêt est à l’origine de l’instauration des crédits du carbone par le gouvernement au cours de la dernière année, mesure incitant les entreprises d’aménagement forestier à des travaux de reboisement et de réaménagement.

Ces nouvelles préoccupations remettent également à l’avant-plan l’intérêt que représente la biomasse forestière. «L’extraction de la matière organique qui compose le sous-sol forestier permet, grâce au bio-raffinage, de produire certaines sources énergétiques, comme de l’éthanol», explique M. Jean-François Côté, ingénieur forestier et consultant. Cependant, l’augmentation de l’utilisation de la biomasse soulève la question de l’appauvrissement des sols, à savoir : «Quelle quantité de biomasse peut-on extraire d’un territoire donné sans entraver la fertilité de son sol pour la production future?» Les plus objectifs s’entendent pour dire que si on ne peut complètement dépouiller une aire forestière de son plancher organique, il serait tout aussi regrettable de ne pas profiter, au moins en partie, de cette matière au potentiel énergétique dont les sols peuvent très bien se passer.

Pour faire face à la crise qui frappe durement le secteur forestier québécois, Martin Champoux, vice-président aux communications du centre de recherche FPInnovations division Paprican, mise sur le développement de produits à valeur ajoutée. Comme une multitude d’autres entreprises québécoises, le centre de recherche en vient à la conclusion qu’il doit diversifier ses produits, dont elle présente une nouvelle gamme innovatrice. «L’industrie est en transition. Nos entreprises doivent mettre en place des stratégies de développement afin d’accéder à de nouveaux marchés», explique M. Champoux. Les interventions du ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF), à l’occasion de la proposition de réforme du secteur forestier, l’an dernier, allaient dans le même sens en incitant les entreprises à axer leurs opérations sur les produits de deuxième et troisième transformations.

Succès étudiant
Plus de 50 organisations ont pris part à cette 30e édition du Salon de la forêt. Le parcours dessiné par les différents kiosques offrait, telle une promenade en forêt, un coup d’œil circulaire et un regard prenant sur certains aspects spécifiques de la foresterie au Québec et au Canada : les insectes et les champignons qui s’attaquent aux arbres, les différents métiers relatifs à la forêt, la faune et la flore ainsi que les multiples utilisations du bois. Les représentants des différentes instances ont partagés leur savoir avec les visiteurs, au-delà d’une simple présentation de leurs organisations respectives. Soulignons, parmi les participants, la présence du Conseil de l’industrie forestière du Québec, du ministère des Ressources naturelles et de la Faune, de la Financière agricole, des Cégeps de Ste-Foy et de Baie-Comeau, ainsi que de la Société d’histoire forestière du Québec. L’évènement a été entièrement réalisé par un comité d’étudiants de la Faculté de foresterie et de géomatique de l’Université Laval.
 

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