Marche pour la paie

Actuellement, les étudiants de quatrième année en enseignement aux niveaux primaire et secondaire doivent réaliser un stage de prise en charge complète d’une classe pour une durée qui varie de 10 à 14 semaines. Au cours de cette période, ils ne reçoivent aucun salaire ou compensation de la part du ministère de l’Éducation. Pourtant, tous les stagiaires du ministère perçoivent un salaire pendant leur période d’embauche. Dans les commissions scolaires, même les stagiaires en droit pour les services juridiques sont rémunérés.

«Le gouvernement paie ses stagiaires dans tous ses ministères, fait valoir Gabrielle Quirion, vice-présidente de l’Association étudiante du baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire (AÉBÉBEP). Selon les échelons salariaux du gouvernement, un étudiant stagiaire comptant plus de six sessions d’études est payé à un taux horaire de 14,82$. «C’est ce que nous demandons, ajoute Gabrielle Quirion. Cela en coûterait environ 20 M$ au gouvernement.»

Selon un sondage commandé par la FEUQ en 2007, la non-rémunération des étudiants en enseignement crée un manque à gagner de l’ordre de 3200$ au cours de la période de stage. Pendant ces semaines de stage, où le nombre d’heures travaillées peut atteindre 60, près de 55% des étudiants doivent abandonner leur emploi à temps partiel, alors que près de 27% se sont vus obligés de réduire leur nombre d’heures travaillées.

Négociations en cours
Depuis le début du mois de février, la FEUQ et le gouvernement négocient pour en arriver à une entente. Les syndicats se sont montrés réticents par rapport à une rémunération horaire, craignant la création d’un cheap labour en enseignement, qui remplacerait du personnel permanent. «Initialement, on parlait de rémunération au sens strict. Ce n’est pas écarté. Ce que nous voulons, c’est une solution qui soit bonne, applicable et qui sera rapidement mise en place. Il y a toutes sortes de scénarios qui entrent en ligne de compte. Est-ce que c’est des bourses dédiées, est-ce que c’est des bourses via le régime d’aide financière aux études, est-ce que c’est un salaire ou une compensation financière? […] En ce moment, on explore toutes les avenues», explique David Paradis, président de la FEUQ.

Même si la possibilité que la FEUQ en vienne à une entente avec le ministère est forte, les associations de l’UL insistent sur le fait que les futurs enseignants doivent être payés selon les normes salariales gouvernementales. Selon Gabrielle Quirion, «une entente qui se traduirait par une compensation serait vue comme une entente à rabais». «Nos demandes vont dans le sens de l’équité, fait valoir Simon Bérubé, président de la CADEUL. Pourquoi un étudiant qui fait un stage au Complexe G est payé selon les standards du gouvernement, et que son collègue qui fait son stage dans une école primaire tout juste à côté ne le soit pas, ou devrait se contenter d’une compensation?»

Associations excluse
Malgré le fait qu’à elles deux, l’Université Laval et l’Université McGill comptent plus du tiers des étudiants en enseignement de la province, leur indépendance ne les autorise pas à participer aux discussions auxquelles des représentants des facultés d’enseignement, des sous-ministres et des hauts fonctionnaires sont conviés. «La raison pour laquelle seule la FEUQ participe à la Table de réflexion est qu’elle est reconnue comme étant une organisation nationale», explique Kim Ledoux, responsable des communications au cabinet de la ministre de l’éducation, Michelle Courchesne. «Savoir que le tiers des étudiants concernés n’ait pas voix au chapitre nous désole. Et pour les étudiants en enseignement de l’Université Laval, et pour la CADEUL», conclut Simon Bérubé.
 

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