Parcours moins flexibles

Jusqu’à maintenant, les étudiants des cycles supérieurs pouvaient à chaque session déterminer librement le nombre de crédits de cours et de recherche à prendre. Ainsi, un étudiant devait être inscrit à douze crédits pour être considéré à temps complet. Avec la mise en marche de Capsule, l’Université a passablement modifié la façon de construire son cheminement scolaire. La doyenne de la Faculté des études supérieures, Marie Audette, explique qu’il y avait une incompatibilité avec le nouveau logiciel Banner dans la façon de construire son programme : «Pour optimiser l’utilisation du logiciel, c’était la façon de faire qui semblait la plus logique».

Dorénavant, à l’exception des crédits reliés à la scolarité, les étudiants devront obligatoirement prendre des blocs de sept crédits de recherche. Une fois les cours terminés, ce nombre de crédits suffira pour conserver le statut d’étudiant à temps plein. Cependant, le nouveau système perd énormément en flexibilité, ce qui risque d’envoyer beaucoup plus rapidement un étudiant sur le régime forfaitaire. Une fois le nombre de crédits atteint, l’étudiant devra s’inscrire à l’activité «Poursuite de la recherche mémoire (ou thèse) 1», au coût de 108$. Par la suite, pour un maximum de cinq sessions, l’étudiant pourra s’inscrire à l’activité «Poursuite de la recherche mémoire (ou thèse) 2», au coût de 334$. Ces deux activités confèrent à l’étudiant un statut à temps complet. Aux sommes exigées, il faut ajouter les frais afférents, technologiques et administratifs. S’il n’a pas terminé au terme de ces sessions, l’étudiant devra rencontrer son directeur de programme pour discuter de l’avenir de son cheminement.

Un important problème se pose aux étudiants en cours de cheminement, notamment ceux au doctorat, où certains cours sont parfois enseignés aux deux ou trois ans. Plusieurs étudiants craignent de ne plus trop savoir où ils se retrouvent, ou de tomber directement sur le régime forfaitaire en plein milieu de leur scolarité.

À ce sujet, la doyenne de la Faculté des études supérieures tente de se faire rassurante, notant que l’inscription à l’activité «Poursuite de la recherche», à l’été ou à l’automne, devrait permettre d’ajuster les dossiers des étudiants.

Décision d’affaires
Cette nouvelle façon de faire oblige en quelque sorte les étudiants à réaliser leurs études à temps complet. «Au point de vue financier, on perd de l’argent quand un étudiant éternise ses études de 2e et 3e cycle. Évidemment, on ne veut pas perdre de l’argent. À un certain moment, l’étudiant doit diplômer. Ce qu’on ne veut pas, c’est que les études de maîtrise et de doctorat se prolongent trop. […] L’UL a intérêt à ce que les étudiants paient leur scolarité rapidement», explique Marie Audette, faisant valoir que les universités de Sherbrooke, Montréal et McGill fonctionnent déjà de cette façon. L’université reçoit du ministère de l’Éducation une subvention par étudiant pour quatre sessions à la maîtrise, huit au doctorat.

Manque d’information
Étudiant au doctorat en génie électrique, Érik Kretschmer se désole du peu d’information transmise par l’Université à cet effet. «On n’a aucune information, elle n’est pas disponible. On sait pas trop ce qui va se faire, comment nous pourrons organiser notre horaire. D’une certaine façon, cela nous oblige à tout faire
d’un coup.»

Même son de cloche du côté de l’AELIES, où l’on dénonce le manque de consultation des étudiants. «Ils ont déjà fait passer des messages, mais ça ne suffit pas. Il faut une campagne explicative plus intensive. On leur a dit que nous n’étions pas en mesure d’expliquer ça clairement aux étudiants. Il y a un flou dans tout ça. En fait, c’est que l’Université veut nous faire payer plus. D’abord, c’est pas très clair. Est-ce que les étudiants sont d’accords avec ce
nouveau système? C’est discutable», fait valoir son président, Jérôme Lankoandé.

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