Pilule cherche testeur

N’hésitant pas à raconter son expérience, Nicolas a rendu deux visites à la compagnie Anapharm, spécialisée dans la recherche clinique sur les médicaments. Étalées sur deux ou trois fins de semaines, elles lui ont rapporté autour de mille dollars chacune. Lors de la première, il était étudiant au cégep et voulait se payer un voyage: «Tout le monde est là parce qu’il a besoin d’argent», constate-t-il. Il y a rencontré tout un assortiment de gens dépareillés allant des mères monoparentales à des personnes seules. «Plein de monde qui fittent pas et qui n’ont rien à faire», à ses dires. En effet, l’activité physique y est interdite, les repas sont strictement préparés et tout est réglé au quart de tour, jusqu’à l’heure précise de la prise de sang, à la minute près.

La seconde fois, il admet qu’il cadrait mieux dans le portrait. «J’avais une marge de crédit à rembourser et c’était une solution assez facile», confie-t-il. «Je sais que ça dérange plein de gens, mais moi, je sais qu’il y a une manière de faire ça intelligemment, en se renseignant et en magasinant ton étude». C’est ce qu’il a fait. Il s’est informé auprès de professionnels de la santé et sur Internet, avant de décider que l’étude ne comportait pas de risque. «Et dans le fond, t’es payé pour faire tes devoirs!» ajoute-t-il, en enchaînant sur les détails de la prochaine étude à laquelle il veut participer, maintenant qu’il est à l’université et qu’il connaît cette source d’argent rapide.

Cette recherche d’information est encouragée par les compagnies menant les études. Elles fournissent aux participants potentiels toutes les informations reliées aux procédures et aux risques encourus. «Ces informations sont inscrites dans le formulaire de consentement éclairé et remises au volontaire pour lui permettre de prendre sa décision», souligne Susan Blanchette, responsable aux communications internes chez Anapharm.

La bioéquivalence
Les médicaments que Nicolas a testé étaient en fait des versions génériques de produits déjà sur le marché. On nomme bioéquivalence ce genre d’études où, au lieu de chercher d’éventuels effets secondaires risqués, les observateurs veulent déterminer le rythme d’absorption et d’élimination d’une substance appelée à en remplacer une autre.

Dominic, de son côté, a participé à une étude de ce genre pendant son passage au cégep. «Pour trois raisons : argent, argent et argent.» Lui aussi recruté pour un test de bioéquivalence, il a réfléchi longuement avant de s’inscrire. «J’ai eu besoin de parler avec les responsables aux essais afin de répondre a mes questions, j’ai refusé les premières offres parce que je n’étais pas assez sûr de moi.»

Chez ses proches, les réactions furent mitigées : «Je n’en ai pas beaucoup parlé. C’est surtout le manque d’information qui cause le plus de réactions», ajoute-t-il. «Mon expérience a été positive, j’ai même parlé en bien des essais à des personnes qui pensaient participer.»

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