Responsabilités et sciences

Le discours d’investiture prononcé par le nouveau président américain Barack Obama rompt avec les thèmes idéologiques auxquels les républicains nous avaient habitués. Alors que les États entrent les uns après les autres en récession, que les problèmes environnementaux sont plus criants que jamais et que la famine gagne du terrain, Obama offre une vision optimiste de l’avenir.

Le mot clé du discours d’investiture est «responsabilité». Le monde et les Américains ont commis des erreurs et les répercussions se font durement sentir dans l’économie mondiale et dans le tissu social de l’humanité. La nouvelle direction américaine devra comprendre les problèmes et y faire face. Elle devra assumer la responsabilité de ses actes. Le premier ministre britannique, Gordon Brown, a fait écho à ce tournant historique en proclamant que le monde doit éviter l’improvisation des pessimistes. La crise, selon lui, doit plutôt devenir un prétexte pour faire les ajustements nécessaires à la construction d’un avenir meilleur et pour établir des règles pour un nouvel ordre mondial.

Avec l’intensification des problèmes économiques et sociaux, un discours de droite protectionniste et belliqueux émerge. Ce courant est dangereux, car il risque de renforcer le ralentissement en rendant le développement plus difficile. Cette pensée est problématique, car elle isole les nations les unes des autres, alors que la coopération et l’émergence d’un gouvernement mondial sont nécessaires au règlement de problématiques mondialisées, compliquées par des relations internationales plus difficiles.

Un autre courant pessimiste émerge aussi dans les groupes sociaux occidentaux, qui prônent la décroissance et la réduction de la consommation pour faire face à la pollution et à la faim. Bien que cet autre courant semble sensé au regard d’une terre surpeuplée et polluée, son intensification aurait des répercutions catastrophiques pour les sociétés qui subsistent grâce à cette même consommation excessive. Ce modèle est inapplicable à la base, car, bien que l’effet se ferait sentir sur l’écologie, la consommation des pays développés est le seul filet social de la population de plusieurs pays émergents. Si l’on consomme moins, il y aura plus de chômeurs dans les pays en développement et la famine s’intensifiera.

Le thème de la responsabilité doit faire face à ces courants. Le pragmatisme plutôt que l’idéologie. Les problèmes ont des solutions et celles-ci ne doivent pas nécessairement passer par un chemin pessimiste. Barack Obama veut restaurer la place de la science et affirme la volonté d’utiliser le soleil et les vents pour alimenter les usines et les voitures. Cette nouvelle volonté pousse à s’interroger sur le fait que la croissance a peut-être été plus rapide que l’intégration des technologies dans l’économie. Le chemin le plus facile est le plus rentable, mais pas le plus responsable. Prendre ses responsabilités, c’est peut-être réguler le développement technologique au rythme de l’impact produit par l’homme sur son milieu de vie. La pollution et la famine peuvent être réglées. Cela passe par l’intégration de ces problématiques dans le coût de nos biens de consommation. Il faut réaliser qu’une bouteille de plastique et qu’un plein d’essence coûtent plus cher que la valeur marchande. Les gouvernements doivent forcer le marché à intégrer les technologies nécessaires à un meilleur équilibre social et environnemental avant d’en arriver à une production de masse.

Les espérances sont grandes et souvent démesurées face au nouveau président américain, mais son discours donne le goût d’y croire. Les politiques de George W. Bush ont divisé et fragilisé le concert des nations. Le monde a besoin de leadership pour changer et les États-Unis ont encore le potentiel d’assurer ce rôle.

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