Un travail déjà fait

La logique électorale québécoise reprend ses vieilles habitudes, promesses en santé et promesses à l’emporte-pièce pour aller chercher les indécis. Visiblement, le grand débat sur les mesures d’urgence pour affronter la crise n’aura pas lieu. Le parti libéral propose une plate-forme économique solide et cohérente, mais n’apporte pas de solutions qui pourraient avoir un impact significatif sur la relance dans les prochains mois.

La capacité d’action au provincial est limitée pour agir à court terme. Ce qui pouvait être fait pour amortir la future crise a déjà été mis en place dans les mois précédant les élections. Deux mesures importantes ont été prises par le parti au pouvoir : le soutien du pouvoir d’achat par des baisses d’impôt et les investissements massifs en travaux d’infrastructures pour soutenir l’emploi. Elles ont probablement permis au Québec de ne pas plonger. Rien, dans ces mesures reflétant le gros bon sens, n’aurait nécessité la tenue d’élections.

Les partis d’opposition accusent les libéraux de ne pas aider le secteur forestier et de laisser certaines usines fermer leurs portes. Le gouvernement a les leviers pour relancer certaines industries avec les fonds publics, mais rien ne garantit que ces investissements seront viables à long terme. Extrêmement coûteux et laissant place à l’arbitraire, le sauvetage ciblé, bien qu’étant dans le champ d’action provincial, n’est pas un bon moyen de relance économique.

Le plan d’action économique des libéraux, présenté dès le début de la campagne, est une plateforme pour un développement à long terme. Il offre un cadre d’action homogène, enligné sur les réalités du Québec et sur les tangentes que semble prendre le futur contexte économique mondial. Contrairement au programme décousu de l’ADQ, les éléments de ce programme sont tous liés et offrent une vision précise pour l’économie : développer le nord de la province en mettant en place une industrie minière tout en ouvrant de nouveaux marchés d’exportation vers l’Europe, faciliter l’accès au capital pour les entreprises et l’instauration de mesures encourageant l’innovation, tout en facilitant la mobilité de la main-d’œuvre et la requalification des travailleurs. Tous les éléments se complètent.

Le Parti québécois, de son côté, offre un programme plutôt famélique en matière d’économie. Les capacités de relance de ces mesures sont douteuses, tout en étant mésadaptées pour l’avenir. Par exemple, le crédit d’impôt non remboursable, sous forme de prêt, équivalant à 20 % des premiers 5000 $ d’intérêts sur l’hypothèque d’une maison, demanderait une mécanique fiscale très complexe qui en découragerait plusieurs. Le programme péquiste est dans l’ensemble une liste de belles intentions et de promesses hâtives. Seul élément de vision, l’élargissement du système de garderie pour permettre de dégager la main-d’œuvre. Mais ce projet ne pourrait voir le jour dans les délais mis en avant par le plan Marois.

La campagne électorale n’est pas passionnante, car elle n’apporte pas de nouveauté. Le PLQ fait la promotion d’un programme déjà mis en place, l’ADQ recycle son programme de l’an passé et le PQ s’égare dans l’incohérence. De plus, un élément économique important pour l’avenir est laissé de côté, l’éducation. Aucun des trois partis n’a de mesures concrètes pour refinancer l’éducation postsecondaire. Plus de 700 000 nouveaux emplois seront à combler dans les prochaines années. L’accessibilité à l’éducation devrait faire partie intégrante des programmes économiques.

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