Ça a pris un mort…

Pourtant, à longueur d’année des jeunes se suicident au Québec, plus particulièrement des jeunes garçons. Année après année, les statistiques démontrent que notre province est championne du suicide au pays, avec un taux de 13,6 pour 100 000 habitants pour l’année 2006.

Qui plus est, selon un rapport publié en 2010 par l’Institut de la santé publique du Québec, en 2008, on dénombrait 1 103 suicides, dont 842 hommes et 260 filles. Parmi eux, 41 avaient entre 15 et 19 ans. Alors pourquoi, tout d’un coup, on allume ?

Loin de mon intention de minimiser l’importance du débat que soulève la mort de Marjorie. Au contraire, c’était nécessaire, mais comme dans plusieurs situations, il a fallu accumuler les tragédies avant qu’on ait une prise de conscience en tant que collectivité. Je n’arrive pas à concevoir qu’on se soit gardé la tête dans le sable aussi longtemps en tant que société et que du jour au lendemain on organise des marches et que la petite Marjorie devienne un phénomène médiatique. Comme tout le monde, j’étais attristé d’apprendre qu’elle s’était enlevé la vie, mais on a manqué notre coup, une fois de plus, de venir en aide et de protéger un individu qui se trouvait dans une position vulnérable. On a manqué notre coup 1 103 fois en 2008.

Une tendance lourde

« Il faut se poser des questions en tant que société », disait le premier ministre Jean Charest. « C’est inacceptable dans notre province », ajoutait la ministre Line Beauchamp. Ce qui est réellement inacceptable, c’est que la situation ne s’améliore pas au Québec. La province n’est pas en mesure de régler ce fléau et tout d’un coup on a l’air surpris qu’une jeune adolescente se suicide. L’intimidation, les menaces, c’est une tendance lourde et ça se traduit partout, à tous âges et en tous lieux. Personne n’y échappe, qu’on soit l’intimidateur ou l’intimidé. Je ne crois pas me tromper en affirmant que la plupart d’entre nous a été témoins, victimes, ou mêmes auteurs d’intimidation.

Ça se passe sur nos chantiers de construction, alors que des armoires à glace en mènent large pour servir leurs intérêts. Ça se passe dans les rues, alors que des homosexuelles sont encore victimes de préjudices. Ça se passe sur nos routes, alors que la rage au volant continue jour après jour, de menacer notre sécurité. Ça se passe dans les bars. Et oui, ça se passe jour après jour dans les cours d’école.

Une nouvelle donne

En ce qui concerne nos jeunes, il faudra commencer à regarder ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Facebook a joué un rôle important dans l’affaissement de l’état psychologique de Marjorie, et maintenant dans celui de Jade, son amie, accusée d’être en cause pour le suicide de son ancienne complice.

Les frontières physiques tombent, et les jeunes se sentent en sécurité devant leur ordinateur. Je suis persuadé qu’il faut commencer à responsabiliser nos jeunes face à l’influence Facebook. J’ai moi-même des cousins du même âge que Marjorie et je dois dire que ce qui se dit sur le mur d’un jeune de 15 ans n’est pas toujours responsable et que les conséquences peuvent être importantes. Une école secondaire, c’est petit, et ça ne prend pas beaucoup de temps avant que des propos déclarés sur Facebook face le tour de la cour d’école. C’est franchement préoccupant, et une éducation est de mise maintenant. Pas dans un an, pas dans quelques mois, maintenant…

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