La part de l’autre

Je m’explique. Ce lundi, une image est devenue virale sur les Internet. Elle montrait un attroupement de journalistes autour d’un casseur alors qu’une manifestation pacifique de milliers de personnes se déroulant juste à côté est ignorée des caméras. « C’est tellement vrai », « trop près de la réalité malheureusement », de déclarer quelques internautes. Et le tout a eu l’effet d’une traînée de poudre.

Dans le fond, à go, on prend tous l’argument facile préfabriqué et on se dit que c’est bien que trop vrai ; alors qu’une bonne partie des personnes concernées n’ont probablement jamais réfléchis à ce sujet et avaient lu leur tabloïd préféré quelques heures avant.

C’est le public qui décide

Avant de poursuivre, définissons quelques concepts (définitions non officielles). Le public est séparé en deux, le grand public, qui ne se plaint pas et qui est visiblement satisfait de ce que leur offre les médias, et le public averti, c’est-à-dire le public qui demande un rehaussement de la qualité de l’information diffusée dans les médias.

Le public averti, avant de critiquer les médias, devrait plutôt se questionner sur le rôle du grand public dans l’espace médiatique. En ce moment, les médias sont au prise avec une crise financière importante. Les entreprises, pour survivre, visent le grand public. Et c’est logique. Quel média à but lucratif voudrait viser une minorité ?  Bref, c’est plus payant un point c’est tout.

Le problème n’est donc pas tant le média qui est déjà soucieux de plaire au grand public et de l’entretenir dans sa médiocrité, mais plutôt aux individus qui se contentent de peu. Et la nature humaine étant ce qu’elle est, essayer de comprendre un grand enjeu politique est beaucoup trop complexe. Vive le feu, les chars bossés et les vitrines fracassées. 

Lâcheté

De l’information de qualité, il y en a. Il suffit de la chercher et de la trouver. À l’ère du numérique et de la surabondance d’information, on a un peu trop tendance à croire que l’information viendra à nous. On a aussi tendance à croire que l’information qui vient à nous devrait de facto être de qualité. Ce n’est pas comme cela que ça fonctionne. Il existe de nombreux exemples de médias alternatifs, indépendants et sans filtres, qui proposent mieux. Mais attention, ce sont de longs textes avec des mots compliqués.

Bref, si en tant que société nous voulons mieux, il faut s’impliquer, il faut le demander. Les médias alternatifs, qui ne s’adressent pas nécessairement au grand public, encouragez-les. Le financement ne se fera pas de lui-même. Il faut des clics, il faut des dons. Le public est responsable de demander mieux mais aussi de s’offrir mieux.

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