Suivi du dernier Sommet de la francophonie à Montreux en Suisse.

La place du français

Des analystes en sont même venus à douter de la pertinence de la Francophonie. Selon ce qu’écrit le chroniqueur Bernard Descôteaux dans Le Devoir du 26 octobre dernier, ces sommets, qui ont lieu tous les deux ans, semblent mettre de côté l’importance de la défense de la langue

Le délégué de l'association internationale Planet Agora, Jean Tardif, avait lui aussi manifesté son scepticisme le 21 octobre dans un article du Devoir, soit avant même la tenue du sommet. «On peut parier sans risque sur l'adoption d'une nouvelle déclaration sans aspérité qui fera la liste des sujets d'actualités sur lesquels on multipliera les affirmations, les encouragements et les engagements qui n'auront rien de contraignant», avait-il déclaré.

La Francophonie, selon ce dernier, doit «revenir à la question politique première: que voulons nous faire ensemble pour relever les défis qui concernent les parlants-français à l'ère de la mondialisation?»

Une volonté incohérente
Bernard Descôteaux croit également en cette éventualité, alors qu’il a soulevé, les cas de dirigeants-membres qui contredisent ce sur quoi ils se sont engagés lors de sommets passés. «Que comprendre lorsque des porte-parole de la France privilégient l'anglais pour communiquer dans des instances internationales ou lorsque de grandes institutions d'enseignement choisissent l'anglais comme langue de formation?» Rappelons que la Déclaration de Montreux engage les 56 états membres à promouvoir la Francophonie dans la gouvernance mondiale et dans l’enseignement de la langue.

Descôteaux déplore également le fait que le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, ait plaidé pour que l’Afrique francophone utilise aussi l’anglais. Descôteaux a quand même tenu à souligner la volonté des dirigeants membres de «placer la promotion du français au cœur des missions de la Francophonie».

Un forum à Québec en 2012
Une réponse semble toutefois émerger : l’annonce par le Premier ministre Jean-Charest de la tenue à Québec d’un forum mondial sur l’avenir de langue. Cette annonce pourrait mener à un débat sur l’avenir de la langue française selon Descôteaux.

Jean-Charest a déclaré vouloir «un forum hors cadre, qui va réunir des gens de tous les milieux, incluant les milieux artistiques, pour que nous puissions aborder des questions concernant l'avenir de la langue française, sa présence, et en faire vraiment sa promotion», comme il est cité par Le Soleil. Descôteaux a toutefois souligné «l’ironie de la situation» rappelant que gouvernement libéral venait tout juste de voter en faveur de la loi 115 qui légalisait l’accès des francophones et allophones aux écoles passerelles anglophones.

Ce forum est alors à surveiller. Rappelons également qu’un 14e Sommet de la Francophonie sera accueilli par la République démocratique du Congo en 2012.

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