L’exploitation de l’économie ou de l’environnement

Cela engendre cependant de nombreuses inquiétudes de la part des populations concernées, des groupes environnementaux, de l’opposition politique ainsi que de certains spécialistes qui craignent les conséquences néfastes que pourrait engendrer l’exploitation de ces gaz naturels emprisonnés dans la roche.

L’extraction des gaz de schiste ainsi que les produits chimiques utilisés dans son exploitation contribueraient entre autres à l’augmentation d’émission de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, ce qui aurait pour effet l’augmentation des gaz à effet de serre. De plus, cela engendrerait la dégradation de la faune et de la flore alors que la qualité de l’eau dans les environs du site d’extraction serait sérieusement détériorée. La qualité de vie des citoyens vivant à proximité de ces forages serait directement affectée, et cela, sans compter les désagréments liés à la pollution sonore.

Malgré la volonté du gouvernement à encadrer cette exploitation en instaurant en projet de loi dès l’automne et à réduire les impacts sur l’environnement en faisant entre autres appel au BAPE ( Bureau d’audience publique sur l’environnement ) dans le but d’étudier le sujet, nombreux sont ceux qui craignent le manque de règlementation de l’industrie des gaz de schiste. Ceux-ci se référent entre autres aux États-Unis où l’État semble avoir un contrôle minime, voire nul. Cela est davantage renforcé par l’absence de moratoire lié au projet de l’administration Charest, même si cette dernière assure établir des consultations par rapport à la question.

L’absence de moratoire inquiète l’opposition péquiste ainsi que les groupes environnementaux tel Greenpeace. Le groupe reproche au gouvernement son désir précoce d’aller de l’avant et de faire affaire avec les compagnies qui se montrent optimistes face à la présence des gaz de schiste dans le bas Saint-Laurent.

Même si le gouvernement parle de retombées économiques extraordinaires, Nature Québec s’indigne. L’organisme a dévoilé que le gouvernement vend des permis d’exploitation à 10 cent l’hectare, tandis qu’en Colombie-Britannique, le prix varie de 1 000 à 10 000 dollars l’hectare.

Sans compter les accusations de copinage entre le gouvernement libéral et l’industrie gazière. Jusqu’à présent, cinq liens ont été énoncés par l’opposition péquiste. Raymond Savoie, ancien ministre des Mines sous Robert Bourassa, est maintenant directeur du conseil exécutif de l’Association gazière et pétrolière du Québec ( AGPQ ). L’ex-président d’Hydro-Québec, André Caillé, travaille maintenant pour cette association. Le conseiller Stéphane Gosselin a quitté le 27 août son poste de chef de cabinet du ministre du Développement économique pour être employé par AGPQ. Martin Daraiche, ancien conseiller aux affaires juridiques et politiques de Jean Charest, est désormais enregistré comme lobbyiste pour, encore une fois, l’AGPQ. Directrice adjointe de la ministre de l’Environnement Line Beauchamp pendant trois ans, Lisa Lavoie est conseillère aux relations publiques de National depuis le 23 août. National est une firme canadienne de communication spécialisée en relations industrielles et gouvernementales engagé par l’AGPQ.

Un débat qui ne finit pas
Cela nous ramène ainsi au débat énergétique auquel fait face le Québec, et ce, depuis des décennies. Le gouvernement cherche à renforcer l’économie grâce à de nouvelles énergies alors que les populations concernées et les groupes environnementaux ne peuvent cacher leurs inquiétudes, craignant la dégradation de l’environnement et de leurs conditions de vie. Plus tôt cette année,le potentiel de l’uranium a suscité la controverse, et ce, plus particulièrement dans la région de Sept-Îles. La grogne était telle que des médecins avaient menacé de démissionner en bloc. Le 18 août 2010, des militants contre l’énergie nucléaire ont manifesté devant le parlement provincial afin de prouver leur indignation en ce qui à trait à l’exploitation de l’uranium. Dans un système lié à une économie de marché, on craint la mainmise des grandes compagnies sur les ressources et le manque de contrôle sur leurs activités.

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