Opinion du lecteur

'ai été plutôt troublée par votre texte Tuer le kaki. Peut-être est-ce parce que je suis née à Québec, ou encore parce que j'ai fait partie d'un mouvement paramilitaire jeunesse, mais je suis en désaccord avec votre opinion. Je prends le temps de vous écrire aujourd'hui, parce que j'aimerais pousser la réflexion plus loin.

Sur les prémisses, je suis complètement d'accord avec vous. La guerre tue, c'est une expérience traumatisante et j'ai souhaité que la guerre en Irak ne commence pas. Aucune personne sensée ne souhaite la mort des gens, à la fois nos soldats, les soldats ennemis et les civils.

Cependant, je trouve votre comparaison avec la Seconde Guerre mondiale naïve. La guerre a toujours été la même. Elle n'était pas plus héroïque en 39-45 qu'au cours des années 2000. J'ai des connaissances limitées sur la Seconde Guerre, mais je sais qu'avant la fin de celle-ci, on ne savait pas les atrocités subies par les Juifs et autres sous-groupes malmenés par les Nazis. Cette guerre devait sembler aussi atroce et inutile pour le public que la guerre actuelle. Ceux qui s'engageaient volontairement ne visaient pas un but plus héroïque que les soldats canadiens modernes. L'idée de la bataille attirera toujours des jeunes gens, surtout chez les hommes. Ce n'est pas l'héroïsme ou le désir de sauver des gens qui poussaient plusieurs des jeunes soldats de la Seconde Guerre mondiale à s'engager, mais bien un certain désir de sensations fortes, d'expérience et… l'attrait des armes. On pourrait invoquer une nature biologique et hormonale, l'éducation ou encore les modèles présentés aux jeunes pour expliquer pourquoi la bataille attire certaines personnes. Je ne prétends pas connaître la raison, mais je crois qu'il ne faut pas sous-estimer celle-ci dans l'engagement militaire d'hier et d'aujourd'hui.

De plus, je trouve plutôt logique que l'armée vise les jeunes dans ses discours de recrutement. Si on veut former des soldats pour des missions humanitaires ou pour des combats on veut des gens en forme physique optimale. Il serait donc incongru de demander à l'armée de viser un public plus âgé. En passant, contrairement à la croyance populaire, les mouvements paramilitaires jeunesse comme les cadets ne poussent pas inévitablement à une carrière militaire. Oui, certains de ces jeunes s'engagent dans l'armée ensuite. Mais c'est loin d'être la majorité. Est-ce qu'en visant un public plus adulte dans les publicités de l'armée canadienne on diminuerait le recrutement? Est-ce qu'en éliminant les mouvements paramilitaires on diminuerait l'engagement des jeunes entre 16 et 25 ans? Excellentes questions auxquelles je n'ai pas de réponses. Toutefois, le métier commande la jeunesse. Il est donc normal que l'armée cible efficacement son public.

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