Moins d’une semaine après le déraillement d’un train transportant du pétrole canadien au Minnesota, c’est au tour de l’Arkansas, plus précisément la petite ville de Mayflower de vivre un déversement pétrolier d’envergure.

Quels effets pour le projet Keystone XL ?

Moins d’une semaine après le déraillement d’un train transportant du pétrole canadien au Minnesota, c’est au tour de l’Arkansas, plus précisément la petite ville de Mayflower de vivre un déversement pétrolier d’envergure.

Jérôme Boucher

Cet oléoduc, qui permet d’acheminer du pétrole entre l’Illinois et le Texas, a une capacité d’environ 90 000 barils sur une base quotidienne. Selon les dernières informations corroborées par toutes les grandes chaînes américaines, environ 10 000 barils de brut ont été déversés. Exxon Mobil, entreprise responsable de cet oléoduc, avait récupéré environ 4 500 barils au moment de mettre
sous presse.

Pour l’entreprise, l’évènement arrive à un bien mauvais moment puisque lundi dernier, le département américain des transports avait ordonné une amende de 1,7M $ à son endroit pour des infractions aux règles de sécurité lors d’un bris d’oléoduc qui a eu lieu en 2011, dans le Montana. À ce moment, pas moins de 238 000 litres de pétrole avaient
été déversé.

C’est aussi un moment bien mal choisi pour l’ensemble des pétrolières puisque le département d’État américain étudie en ce moment le projet de pipeline Keystone XL censé acheminer du brut des sables bitumineux albertains vers les États-Unis. Depuis longtemps, les pétrolières tentent de rassurer citoyens et décideurs publics par rapport au pétrole des sables bitumineux, beaucoup plus corrosif que le pétrole conventionnel.

Est-ce une mort annoncée du projet ? Trop tôt pour se prononcer, mais parions que ce déversement relancera le débat sur la nécessité de cet oléoduc. D’autant plus qu’un rapport du Conseil national de recherche des États-Unis récemment publié rappelle qu’en 2030, la consommation de pétrole des américains sera probablement deux fois moins grande qu’actuellement, en raison des grandes initiatives environnementales de
l’administration Obama.

Sachant que le prix des ressources énergétiques renouvelables telles que le solaire, l’éolien ou l’hydroélectricité est continuellement en baisse, est-ce que les États-Unis prendront le risque à la fois environnemental et moral de commander du pétrole albertain qui, par-dessus le marché, est très difficile à raffiner ? Selon l’Agence internationale de l’Énergie, treize pays ont tiré au moins 30 % de leur énergie de ressources renouvelables. Sachant que le président Obama est bien décidé à se joindre à cette liste de pays, Keystone XL pourrait donc ne jamais voir le jour.

D’autant plus que l’argument habituel des principaux partisans du projet Keystone XL est de moins en moins acceptable, soit la diminution de la dépendance américaine au pétrole étranger. M. Joe Biden, le vice-président américain, a récemment affirmé que l’idéal serait « de diminuer la dépendance américaine au pétrole, point. »

Reste que la facture demandée pour ce projet risque d’être le principal facteur de décision. Pour plusieurs Américain( e )s, les emplois et les revenus créés avec ce pipeline sont bien plus intéressants que les impacts du projet sur le réchauffement climatique.

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