Du taudis à la télé

Pourquoi irait-on voir le dernier film de Danny Boyle (Trainspotting, The Beach), pourrait-on demander? En guise de réponse, on pourrait invoquer les quatre Golden Globes qu’il a décrochés, ou encore les dix prix pour lesquels il est en lice lors de la prochaine cérémonie des Oscars. Mais ce serait insuffisant.

On pourrait alors plutôt souligner l’idée géniale sur laquelle se base le scénario, coup de génie redevable à l’auteur indien Vikas Swarup et à son roman Q & A. À travers une suite de retours en arrière, correspondant à chacune des questions de l’animateur, se dessine l’enfance de Jamal et de son frère Salim, alors qu’ils luttent pour se frayer un chemin hors de la misère. On pourrait cependant faire valoir qu’une seule idée ne suffit pas.

Répondons que Slumdog Millionaire n’a pas besoin de ladite idée pour être intéressant, l’histoire de Jamal (Dev Patel) y pourvoyant. Comment est-il parvenu à se tirer de son taudis natal pour finalement participer au jeu questionnaire WWTBAM ? A-t-il dû tricher, mentir, voler, tuer?

Et néanmoins, on n’aurait pas encore nommé ce qui précisément constitue la plus grande réussite de Slumdog Millionaire. À travers l’histoire de Jamal, c’est un portrait inédit d’une Inde dense et surpeuplée qui nous est présenté, une visite guidée de ses racoins, le tout donnant lieu à une collection d’images telles qu’on les voit rarement : les bidonvilles sans fin, le commerce des mendiants, les dépotoirs, la misère des taudis et le crime qui en est issu.

Ajoutons à ces éléments le rythme du film, porté par une musique souvent entraînante, et l’absence de temps morts, mais aussi, et peut-être surtout, la beauté des images, dont beaucoup sont des paysages urbains à couper le souffle. Voilà de quoi expliquer, sommairement bien sûr, le succès de ce feel-good movie que d’aucuns donnent gagnant le 22 février prochain.

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