Histoires d’adolescentes

Isabelle a 26 ans. Elle rêve d’écrire un roman. Française d’origine, elle vit au Québec depuis maintenant un an, où elle étudie en administration, à l’Université Laval. Sa vie est une véritable catastrophe. Son colocataire est un parfait tombeur, l’homme qu’elle aime ne l’aime pas. Sa meilleure amie réside à l’autre bout de la planète. Sa mère n’encourage pas ses ambitions de devenir écrivaine et son père est quasiment absent de sa vie.
 
Voilà ce qui constitue, grosso modo, Passionnément givrée, le premier roman de la Française Audrey Parily (Audrey Phirmis de son véritable nom), ancienne étudiante du campus, diplômée au MBA. Difficile de ne pas envisager l’autofiction.
 
L’ouvrage se place facilement dans la ô très populaire lignée de la chick litt. L’écriture d’Audrey Parily est certes intéressante, mais l’histoire d’Isabelle manque d’aplomb et d’originalité. Tant qu’à dépeindre les hauts et les bas d’un personnage, faisons en sorte que sa vie soit des plus palpitantes!
 
C’est ce qui est tenté ici avec Isabelle et son colocataire, Maxime, qui vivront leur histoire rocambolesque. Une histoire longue à débuter, encore plus longue à se dénouer, ponctuée d’événements peu crédibles – Maxime est secrètement amoureux d’elle depuis des années, Isabelle vit un black out de trois mois après leur premier baiser – mais qui, heureusement, se termine dans une finale rebondissante (enfin !) et intéressante.

Soyons honnêtes : Isabelle manque de crédibilité. On tente d’exposer un personnage marginal, différent, qui n’est qu’en bout de ligne une femme de 26 ans, perdue, qui agit comme une véritable adolescente. On n’y croit pas. On ne croit pas à la perte de mémoire d’Isabelle, qui sera imposée au lecteur durant trop longtemps. On ne croit pas à sa petite voix qui déraille, frôle la folie et prend trop de place.

Audrey Parily se prend un malin plaisir à exposer les différences entre les Québécois et les Français, ainsi que leurs pays. Si les différentes «traductions» ou «mises en contexte»  amusent au début – ça reste rigolo d’apprendre que Les enfants de la télé constitue le Bye Bye de la France –, elles frôlent rapidement l’égocentrisme et donnent même l’impression de prendre le lecteur, ciblé comme étant Québécois, pour un con. C’est lourd.

Reste qu’on aime les fortes images des paysages décrits par l’auteure. Les rues Cartier et St-Joseph, les différents lieux de l’Université Laval et même de l’Europe sont amenés de manière à ce que le lecteur s’y reconnaisse, et c’est agréable.
 
Passionnément givrée aurait tout à gagner dans la simplicité. Trop d’histoires, trop de malheurs, trop de voyages ennuient à la longue. Avec deux autres tomes «givrés» à paraître sous les éditions de Mortagne, dont le deuxième s’intitule Merveilleusement givrée, espérons une maturation bien perceptible dans l’écriture. Et évitons, s’il vous plaît, les quelques coquilles et fautes d’orthographe bien présentes au sein du bouquin…

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