Parole engagée

PHOTO: François-Xavier Boulanger Nadeau

 Acte politique ou poétique, la prise de parole de l’auteur ne laisse pas de doute. Pour lui, les fêtes du 400e sont une occasion de démontrer que malgré une «histoire d’assimilation», il existe encore un parler francophone qu’il faut célébrer : «J’ai pas mal chialé sur les fêtes du 400e, sur l’évacuation des symboles québécois, je ne le regrette pas mais maintenant, j’arrête de chialer et j’agis, en participant à cet événement. Ces symboles, il faut les intégrer nous-même».

Mais comment un artiste qui fait partie d’une formation à l’origine de slogans comme «Libérez-nous des libéraux» peut-il réitérer son message dans un univers musical où l’on célèbre les gens qui réussissent si bien en anglais ? «Après la tournée Amour Oral, il a fallu penser à une autre façon de faire passer notre message, renouveler le «je» dans nos chansons comme dans la chanson M’accrocher. L’art engagé vieillit très mal, nos chansons n’ont duré que le temps d’un mandat, et je sais que notre tendance est à contre-courant.»

Il aura donc fallu au trio une réflexion pour renouveler un discours qui a connu ses heures de gloire au début des années 2000. «On n’était pas les seuls à parler de souveraineté, mais moi aussi j’ai noté que le vent a tourné après la grève des étudiants en 2005, le monde musical québécois est moins engagé qu’avant. Les gens ne veulent plus entendre chialer, comme pour les fêtes du 400e.» Pour faire entendre le message, Loco Locass aura donc pensé à des symboles de victoires, quelque chose qui suscite l’acclamation collective : «L’histoire du Québec est une histoire de perdants, on a écrit une chanson qui métaphoriserait la victoire des Québécois, en parlant du Canadien de Montréal.Ils sont le symbole des gagnants, d’une équipe qui rassemble». Pari risqué pour l’artiste engagé qui comprend les implications de sa parole, surtout quand il la renouvelle. «On sait que nos nouvelles chansons vont décevoir, mais on espère qu’on va gagner aussi un autre public. Nos fans ont évolué avec nous, et le but premier de nos chansons, c’est de les rendre heureux».

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