Trente ans plus tard…

 

Génération 101 est principalement un récit sur la vie de quatre personnes arrivées au Québec pendant leur jeunesse. Akos, d’origine hongroise, est commissaire scolaire dans la région de Montréal. Farouk, d’origine indienne, est conseiller syndical et ancien candidat péquiste dans le comté d’Outremont. Ruba, d’origine palestinienne, est conseillère à la Commission sur l’intégration citoyenne de Québec Solidaire, et Daniel (alias Boogat), auteur-compositeur-interprète, est né au Québec, d’un père paraguayen et d’une mère mexicaine.

On réalise, en suivant chacun d’eux dans leur emploi respectif, qu’un bon nombre d’immigrants tentent, et réussissent pour la plupart, à s’impliquer dans le développement social, politique et culturel du Québec. On y rencontre une panoplie de gens des minorités visibles qui livrent, en français, leurs impressions sur les canadiens français et sur leur accueil. Cela amène plusieurs grandes questions, dont les réponses divergent d’une personne à l’autre dans le documentaire: Le Québec: société d’accueil ou d’exil? Quelle importance doit-on accorder à l’intégration des nouveaux arrivants? Qu’est-ce que l’intégration? Qui doit s’en occuper, nous ou eux? Est-ce que le français obligatoire (de par la loi 101) favorise ou nuit à ces
arrivants?
Il est cependant parfois difficile de distinguer le politicien du citoyen dans les points de vue de Farouk et de Ruba, tous deux affichant clairement leurs allégeances politiques. Les deux étant souverainistes, leurs commentaires sont tantôt personnels, tantôt totalement engagés. Aucun représentant de la droite n’apparaît dans ce documentaire, comme si la vision souverainiste de gauche prévalait dans ce débat.

D’un point de vue plus technique, la réalisation de ce documentaire s’est faite sans éclat et sans artifice. Rien à voir avec les œuvres de Michael Moore. La caméra libre de Godbout donne une image très neutre et réaliste du monde qu’il veut nous faire connaître. On ne suggère jamais, le téléspectateur est libre de son
interprétation.

L’œuvre va bien au-delà de la question linguistique. Elle s’avère être une vision, aussi petite soit-elle, de la vie de «l’autre», qui prend de plus en plus de place au Québec : l’immigrant.
 

Consulter le magazine