Il aura fallu attendre près de quatre ans pour trouver un successeur à La ligne orange, le précédent album de Mes Aïeux, « le-groupe-de-la-chanson-Dégénérations », qui a su effacer cette étiquette et offrir un parcours artistique cohérent.

À point nommé

Il aura fallu attendre près de quatre ans pour trouver un successeur à La ligne orange, le précédent album de Mes Aïeux, « le-groupe-de-la-chanson-Dégénérations », qui a su effacer cette étiquette et offrir un parcours artistique cohérent.

Cette fois-ci, après une sérieuse remise en question et le départ d’un des membres (Éric Desranleau, salué dans le livret), le groupe revient avec une nouvelle livraison de circonstance, À l’aube du printemps. Dédié à « tous ceux qui attendent avec espoir l’arrivée d’un printemps », ce nouveau disque souligne l’évolution de Mes Aïeux, voire même sa maturité. Si ce n’était déjà chose faite, il apparaît maintenant évident que le quintet mené par Stéphane Archambault est passé à l’âge adulte, avec toujours des textes à message mais plus subtils, moins contestataires en apparence. Il y a maintenant la conscience du temps qui passe, la chance de ne pas être éphémère, alors que l’époque même a tendance à jeter rapidement. Les références, elles, sont bien d’actualité et font de Mes Aïeux un groupe contemporain, paradoxalement.

À l’aube du printemps, porté par le vent, le souffle, comporte ainsi douze chansons qui, avouons-le, ne marquent peut-être pas autant à la première écoute que les classiques de la formation québécoise. À part quelques exceptions, peu de titres percutants donc, comme pouvait l’être Le déni de l’évidence sur le précédent album. Mais on a la sensation que ces nouveautés seront apprivoisées au fil des écoutes, comme on s’habitue peu à peu à la chaleur revenue dans les rues.

Musicalement aussi, Mes Aïeux ont évolué, et font preuve d’une grande qualité, mélangeant les instruments traditionnels (guitare, piano, violon, accordéon) à de surprenants ajouts qui déposent une couche d’arrangements bienveillante. On pense ici au clavecin, au cor français, à la flûte, à l’autoharpe et aux cordes en général. L’album, plus feutré, est traversé d’harmonies vocales, parfois juste à point, parfois trop lyriques, qui inscrivent le groupe dans la lignée d’Harmonium, même si on note parfois un déséquilibre avec la musique. Coup de cœur pour les trois dernières pièces de l’album (Le fil, Au gré du vent et Bye-bye), qui concluent à merveille ce beau voyage délicat, déstabilisant dans les premiers kilomètres, mais qui devient rapidement agréable. Mes Aïeux ne gagnera certainement pas de nouveaux fans avec À l’aube du printemps mais réussira à embarquer à bord ceux qui leur sont fidèles.

3.5/5

Cyril Schreiber

 

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