Critique de la soirée du jeudi du Festival folk de Québec.

Aimez-vous les uns les autres

Après une relâche d’un jour, j’ai repris le cours du Festival Folk avec le passage de Damien Robitaille au Théâtre Petit Champlain, une soirée qui s’annonçait haute en couleurs…

C’est le Français Nicolas Jules, invité par le Coup de cœur francophone, qui a ouvert la soirée avec sa poésie absurde, décalée, ludique. Le jeune chanteur français, qui est déjà passé deux fois au Petit Champlain et qui a enregistré son dernier album en date, Shaker, en partie à Montréal, n’a pas mis longtemps à mettre le public dans sa poche arrière avec son air pince-sans-rire et son humour très spécial. Ce que fait Nicolas Jules est d’abord et avant tout scénique, la scène devenant son espace de jeu où il se permet de relatives improvisations dépendamment de l’humeur du jour. Heureusement pour lui, qui fait une tournée québécoise avec le chanteur franco-ontarien, le public de Damien Robitaille est un bon public, prêt à la découverte, et si presque personne ne connaissait Nicolas Jules en arrivant, presque tout le monde est ressorti de la salle à l’entracte ravi d’avoir rencontré un chanteur pas comme les autres, hors-normes, qui ne se gêne pas, par exemple, pour plus parler entre deux chansons que dans une seule… Un autre passage remarqué pour Nicolas Jules au Théâtre Petit Champlain, qui reviendra très vite, espérons-le.

Mais c’est Damien Robitaille qui tenait la tête d’affiche de ce jeudi soir avec toute la fougue et le charisme qu’on lui connaît. Le fait d’être reparti quasi-bredouille de l’ADISQ (n’oublions pas quand même le Félix du scripteur de l’année, c’est-à-dire les meilleurs textes entre deux chansons… lui-même était étonné d’avoir gagné !), lui qui a déjà gagné un tas de récompenses dont le prix Félix-Leclerc cette année, n’a pas du tout entamé sa bonne humeur célèbre et contagieuse.

Après un passage remarqué au Festival d’été sous la pluie, Damien Robitaille revenait à Québec cette fois avec son spectacle complet d’un bloc (peut-être un peu lourd par endroits). Générosité donc, mais aussi complicité avec le public, son spectacle et son personnage misant beaucoup sur cette interaction. Gageons qu’il n’a pas été déçu de voir l’enthousiasme de certains spectateurs, de même que toute la foule qui s’est levée lors des rappels, sans jamais se rasseoir…

 Accompagné par scène par 3 excellents musiciens avec qui il est en symbiose (Guillaume Chartrain à la basse, François Richard aux claviers et Alexis Martin à la batterie), c’est un Robitaille très en forme et physique, qui arborait fièrement la moustache ( ?!) devant un superbe décor composé de rideaux sur lesquels étaient projetés de beaux éclairages, a chanté efficacement les pièces dansantes de son deuxième album (On est né nu, Mot de passe, Jésus nous a dit, Plein d’amour, Casse-tête, Homme autonome) tout aussi bien que ses anciens succès (qui datent de 4 ans maximum !), réadaptés à la sauce groovy funk de cette tournée (ce qui a donné de beaux résultats surprenants). Le spectacle a-t-il été une piste de danse sans arrêt ? Heureusement non, Robitaille nous dévoilant un pan plus sérieux de son talent, avec des belles chansons touchantes (Mon nom, sur l’identité, Astronaute, sur le deuil). Un bel équilibre donc, entre émotion et passion.

Damien Robitaille s’en souvient, il était passé par la scène du Petit-Champlain en 2005, lors du Coup de cœur francophone, alors qu’il arborait encore les cheveux longs et qu’il avait des musiciens imaginaires. On le sait, son look et sa façon de voir le métier ont complètement changé entre le premier album (L’homme qui me ressemble) et le deuxième (Homme autonome). Une belle évolution pour un artiste qui a su trouver sa voie tout en se renouvelant, ne délaissant pas pour autant ses histoires loufoques !

Damien Robitaille est ainsi en ce moment au sommet de sa forme, et si vous aimez son côté crooner irrésistible, il ne faut surtout pas le manquer en spectacle, même si ses chansons doivent être déjà riches sur disque (surtout musicalement je crois). Rendez-vous est pris pour le 5 mai, où il enflammera à coup sûr le Théâtre Petit Champlain encore une fois. On n’en doute pas une seconde.

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