Les étudiants en lettres, musique et arts visuels ont pris d’assaut le MNBAQ, de nuit, pour une troisième année consécutive.

Des artistes et un public engagés

Voulant créer une thématique unique, l’équipe de production de l’événement nocturne a choisi le mot «Engagement» pour cette édition 2011. «C’est un thème qui est rassembleur, qui est synonyme de la Nuit, elle-même une expérience festive», déclare Robert Faguy, membre de la direction artistique et directeur des programmes de premier cycle en théâtre.

Avec 140 étudiants des Facultés des lettres et de musique qui participaient, l’ambiance était animée. Le visiteur était toujours témoin de la dernière idée originale, que ce soit du domaine interactif, musical ou littéraire. C’était un moyen pour les étudiants d’arrimer leurs projets et leurs rêves. «Avec tous les gens qu’on a reçus, je crois qu’on a donné une meilleure vitrine pour les étudiants que par le passé», dit spontanément Guillaume Pinson, responsable facultaire.

Un engagement social et interactif

L’engagement peut être interprété à toutes les sauces. Certains y voient un clin d’œil à l’engagement politique légendaire de l’écrivain et philosophe français Jean-Paul Sartre. «Beaucoup d’artistes se sont engagés par le passé à lutter contre les injustices humaines», affirme Françoise Lucbert, membre de la direction artistique de la Nuit de la création et enseignante en histoire de l’art.

C’est le cas d’étudiants en histoire de l’art qui ont organisé une activité en lien avec l’exposition permanente de La collection d'art inuit Brousseau. Ils voulaient entre autres sensibiliser le public au fait que la commercialisation massive de l’art inuit a miné la créativité de ce peuple du nord. «Lorsque les galeristes ont constaté la rentabilité qu’apportait par exemple la confection de statuettes de chasseurs ou de pêcheurs, ils ne voulaient plus rien d’autre des artistes», explique Antony Stafford. «Les Inuits sont désormais coincés à produire des objets pour un marché plutôt que de l’art pour eux-mêmes.»

Devant ces visions déjà construites, des étudiants ont préféré montrer leur façon originale d’interpréter la thématique. Certains donnaient aux visiteurs des cartons indiquant ce sur quoi ils devaient s’engager. Un visiteur pouvait, par exemple, être invité «à faire preuve de patience».

Dans les couloirs, des participantes vêtues de toges offraient des blocs de bois qui demandaient aux passants la définition de l’art. Gabrielle Thibault-Delorme, étudiante en études littéraires, a compris le message: «L’art est entre nos mains. L’art est subjectif et reflète notre opinion personnelle». C’est avec cette pensée en tête que plusieurs visiteurs ont fait le reste du parcours.

Un engagement musical et littéraire

Les étudiants de la Faculté de musique ont fait leur part pour donner une sonorité classique au Musée des beaux-arts. Un ensemble de cuivres et un autre de trompettes ont fait résonner tour à tour la voûte du hall d’entrée.

En chanson, l’équipe de production a reçu avec honneur la chanteuse-compositrice française Anne Sylvestre, nommée pour l’occasion marraine d’honneur. Les visiteurs se bousculaient pour avoir une place dans l’auditorium et entendre ses chansons d’un humour subtil typique de la France. La prestation était retransmise dans le hall d’entrée pour les moins chanceux. La chanteuse a ensuite joué une chanson en duo avec la violoncelliste québécoise Jorane.

En passant par la rotonde du pavillon Gérard-Morisset, les spectateurs ont pu entendre toute la soirée la musique du compositeur américain Philip Glass. Un quatuor à cordes puis le quatuor Hepta de l’UL ont joué à tour de rôle cette musique expérimentale construite pour évoluer de couplet en couplet. «Parce que c’est assez répétitif, c’est difficile à jouer», témoigne Marie-Pier Vadnais, membre du quatuorHepta. «Il faut toujours compter le nombre de lignes ou de couplets que l’on fait pour rester ensemble», ajoute-t-elle.

La Nuit réservait aussi une place spéciale aux écrits d’un groupe de littérature. Dans la salle «Je me souviens», les visiteurs pouvaient prendre part aux émotions de ces jeunes artistes. Une légende écrite et récitée par l’étudiante Ariane Matton a entre autres retenu l’attention. «Son écrit Tu ne t’ouvriras que trois fois était très bien», témoigne une étudiante. «Elle a fait une performance de conteur qui était très accessible pour le public».

À 23 h, les pavillons du Musée étaient fermés et le groupe hip-hop CEA a transformé le hall en night club. Ils étaient accompagnés pour l’occasion du guitariste Karim Ouellet. L’ambiance composée de rock et de rap s’est prolongée jusqu’à 2 h du matin.

Crédit photo : Jean-François Robitaille

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