Diva(s) sur la Rive-Sud

 

Le site, situé dans le sympathique parc du Rigolet à St-Romuald, a été emménagé en fonction de ces activités festives, avec notamment une scène relativement modeste mais qui a fait l’affaire. C’est le toujours drôle Archie, vu au Festival d’été et au spectacle Le retour de nos idoles, qui avait la mission d’animer la soirée avec son humour participatif, qui a eu une belle réponse.

 

Sur le coup de 20h, c’est la formation québécoise Caïman Fu qui a eu la tache d’ouvrir la soirée. Ancien quintet devenu quatuor, le groupe, mené par la chanteuse et comédienne Isabelle Blais, a offert une prestation d’abord gentille, tranquille, mais qui s’est transformé peu à peu en un produit plus rock. Jouer en extérieur n’a pas semblé faire peur à Caïman Fu, qui nous a concocté un excellent spectacle bien maitrisé qui comprenait les pièces les plus entraînantes de ses trois albums, effectuant ainsi une rétrospective de leur 10 ans de carrière. Malgré la voix parfois enterrée par la musique de Blais, le groupe s’en est plutôt bien sorti pour un spectacle en extérieur, permettant au passage de récolter sûrement certains nouveaux adeptes… en plus de consolider leurs fans, grâce à leur rock aux textes intelligents. Il faudra surveiller leur quatrième album, actuellement en pleine gestation, et revoir absolument en salle ce groupe qui mérite le détour et qui n’est pas encore assez connu.

 

Passons rapidement sur Splash sur Lévis, un spectacle constitué de projections laser sur un mur d’eau – un procédé vu plusieurs fois déjà et qui, ici, n’avait rien de spectaculaire outre-mesure –  pour aboutir directement au clou de la soirée, la prestation de la mythique chanteuse Diane Dufresne, dont chaque spectacle est un évènement. Pourquoi ? D’une part, parce qu’elle n’en donne plus beaucoup, ou en tout cas beaucoup moins qu’avant. D’autre part, parce que chacun de ses spectacles est original, mis en scène, réfléchi. En spectacle, Dufresne, et c’est tout à son avantage, ne fait pas comme les chanteurs de sa génération, à savoir un mélange de ses plus récentes chansons et de ses grands classiques que le public attend. Au contraire, elle choisit méticuleusement chaque pièce de son tour de chant pour former un spectacle thématique.

 

Sinequanone est ainsi tour à tour technologique et postmoderniste, écologique, et astronomique. Les chansons sélectionnées, dans l’ensemble, ne sont pas les plus connues; encore une fois, saluons son courage et son intégrité artistique pour ce choix pas facile, mais totalement assumé.

Malheureusement, aussi bon soit-il, jouissant de superbes projections d’images, Sinequanone a un peu déçu. Pour plusieurs facteurs : arrangements se voulant modernes mais faisant vieillots, problèmes de son majeurs, ordre discutable des chansons, etc. Certes, plaisir il y avait, mais c’était du plaisir quelque peu frustré. 

Une constatation s’impose : ce spectacle n’était pas fait pour être joué en extérieur. Sa mise en scène même a pu paraître bizarre, inappropriée, dans un évènement populaire comme celui-ci, qui n’a par ailleurs pas attiré une foule gigantesque non plus.

Dufresne elle-même a déclaré qu’elle n’était plus faite pour faire des spectacles en plein air. La faute à quoi ? Surtout son retour de son, à cause duquel elle entendait plus ses 5 musiciens que le public qui l’applaudissait. Misère. Le spectacle s’est quasiment fini en eau de boudin, d’une manière très sec, malgré un rappel forcé. On sentait Diane Dufresne énervée et déçue de n’avoir pas pu offrir un spectacle à la hauteur de son talent. Malgré le plaisir et la chance de la voir sur scène pour une rare fois, les spectateurs dotés d’un minimum de sens critique seront d’accord sur le fait que cette version en plein air de Sinequanone ne passera pas à l’histoire, et fait pâle figure à côté de ses spectacles des dernières décennies, encore plus déjantés, qu’on peut maintenant visionner sur DVD. Ce n’est la faute de personne, sinon à cette accumulation de facteurs qui font un peu regretter la soirée, mais heureusement pas le fait de s’être déplacé, car Diane Dufresne reste quand même une légende de la chanson québécoise, et il faut y goûter avant qu’il ne soit trop tard.

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