L’artiste Herman Kolgen a clôturé le Mois Multi 2011 au Grand Théâtre de Québec en compagnie de l’OSQ.

Herman Kolgen en «sonoptique»

Pour le spectacle de clôture du MM12, la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre a été aménagée de façon intime. L’espace a été réduit, les musiciens étaient à proximité et l’écran cyclopéen venait dominer l’arrière scène afin de permettre une vision parfaitede chaque coin de la salle. L’immersion dans le monde «Kolgéen» était donc complète. 

Pour débuter, Different Trainsétait présenté sous l’égide de Philip Mann, le chef d’orchestre américain invité pour l’occasion. La pièce musicale accompagnant le spectacle était interprétée par quatre quatuors à cordes de l’Orchestre symphonique de Québec. Ceux-ci ont joué la musique écrite par le compositeur de renom Steve Reich. De descendance juive, ce dernier cherchait à traduire, d’une part, le malaise des déportés vers les camps de concentration lors de la Deuxième Guerre mondiale et, d’autre part, son voyage en train de New York à Los Angeles lors de son enfance partagée entre deux parents divorcés. La contribution de Kolgen à cette pièce multi médiatique (Reich intègre aussi une bande magnétique diffusant des témoignages enregistrés) a été de créer un corpus visuel qui respecte la division en trois temps de la composition musicale. Le résultat était envoûtant.

Le premier tableau nous entraîne le long d’un paysage horizontal en changement constant, toujours vu par la fenêtre d’un train. Ces errances visuelles incitent une soif de voyage graduelle qui nous achemine jusqu’au deuxième mouvement de la pièce. Celui-ci présente des traces de pluie sur l’entièreté de l’écran, des portraits photographiques et de la cendre en mouvement. De plus, les voix de la trame enregistrée sont cycliques et créent une lourdeur palpable. La dernière partie offre alors une ouverture bien appréciée: des structures flottantes en acier dans un ciel bleu et dégagé.  

La deuxième pièce, Overlapp, a été composée spécifiquement pour cette présentation du Mois Multi. Son but était de faire une transition entre le son des cordes et les images narrativesde Different Trains, et l’aspect plus froid et conceptuel de Dust, qui est une production purement Kolgen. Elle nous présente ainsi un mélange entre la virtuosité des musiciens et un visuel passant de la macroscopie industrielle à la microscopie végétale.

La finale, Dust, est une création de longue haleine qui se concentre sur le changement d’état de la matière. Les prises de vues vidéographiques de mouches, de tas de poussières et de détritus sont juxtaposées à des compositions numériques fascinantes et plus complexes les unes que les autres. L’aspect sonore explore les vibrations de basse fréquence et les jeux de percussions issues de la musique contemporaine de style drum’n’bass. L’œuvre ultime, moins bien reçue par le grand public, a fait jouir les connaisseurs par son audace multi sensorielle.

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