« La seule justice que je connaisse est celle de la hiérarchie » s'exclame la mère supérieure à soeur Sainte-Catherine. Voilà la mentalité dénoncée par Thérèse et Pierrette à l'école des Saints-Anges, lorsque le clergé contrôlait d'une main de fer le Québec des années 40.

La Grande Noirceur éclairée sur scène

Cette adaptation théâtrale du roman de Michel Tremblay par Serge Denoncourt, prend place lors de la Grande Noirceur, dans une école catholique du Québec. L'histoire s'organise autour de jeunes étudiantes de 11 ans, Thérèse, Pierrette et Simone qui, par leur innocence, perçoivent différemment leur monde. En fait, leurs perceptions enfantines et fantastiques leur évitent les injustices auxquelles fait face le monde adulte.

Cependant, la réalité est loin d'être féérique, l'Église catholique se sert de la peur pour contrôler et assujettir les citoyens. En effet, les valeurs chrétiennes de bonté et de charité sont régulièrement transgressées par les péchés capitaux des sœurs de l'école des Saints-Anges. Sans compter la directrice qui, de son orgueil, rejette une colère autoritaire sur les élèves et les enseignantes de l'école.

Pourtant, malgré la place immense qu'occupe la foi, les personnages ne vivent pas le bonheur et la paix d'esprit. L'anxiété, la pauvreté, la culpabilité et la terreur font partie de leur quotidien. Cette réalité d'antan s'exprime et se vit à travers une mise en scène spectaculaire dans laquelle on identifie clairement la supériorité parents-enfants, enseignantes-étudiantes, ainsi que la hiérarchie religieuse. Une mise en scène propre aux mœurs de l'époque.

En dépit de ses grandes forces, les passages concernant Marcel, frère de Thérèse, et ses péripéties en compagnie de son chat invisible ne sont pas suffisamment développés pour qu'on y trouve un grand intérêt. Adaptation trop simpliste du roman ?

Néanmoins, la thématique sombre ne transforme pas la pièce en drame. En fait, l'humour de Michel Tremblay permet de se moquer des travers de notre histoire et des injustices qui s'y sont glissés. Thérèse et Pierrette à l'école des Saints-Anges transforme les perceptions et sème les réflexions, mais est avant tout un divertissement de qualité.

Quoi ? Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges
Qui ? De Michel Tremblay, adaptation théâtrale de Serge Denoncourt, mise en scène : Gill Champagne
Où ? Théâtre du Trident (Salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec)
Quand ? Jusqu’au 11 février

Crédit photo : Arnaud Anciaux

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