Une pièce de théâtre dont la trame est la politique : comment attirer le public vers ce sujet si commun, si fade

L’absence de guerre

Une pièce de théâtre dont la trame est la politique : comment attirer le public vers ce sujet si commun, si fade et dont on a déjà tous une petite idée péjorative ? Pourtant, force est d’admettre que ce spectacle fut sans doute l’une des plus belles révélations de l’année. Oui, le texte de David Hare surprend. Avec ses répliques aussi vraies qu’actuelles, l’auteur réussit à rendre sensible et humaine une situation qui échappe à plusieurs. La mise en scène d’Édith Patenaude est d’une richesse et d’une lucidité incroyables. La metteure en scène impose à la pièce un rythme effréné qui laisse le spectateur s’imprégner d’un univers insoupçonné, celui du monde de la politique. Il n’est pas nécessaire d’être déjà allé dans un bureau de politicien pour s’imaginer l’ambiance qui y règne. On y est. Évidemment, la disposition de la salle aide grandement à ce scénario, puisque deux estrades de gens se font face alors que ceux-ci sont entourés du monde dans lequel ils appartiennent pendant près de 2h40. Le jeu des comédiens est également remarquable. Les acteurs masculins, spécialement, sont d’une justesse et d’une force surprenantes. Ils parviennent à nous faire entrer dans cet univers à la fois fou et impressionnant. Somme toute, c’est un spectacle profond qui vient troubler l’imaginaire collectif et qui rend l’humanité à des hommes trop souvent condamnés. Teintée de valeurs admirables, de phrases exactes, de jugements réels et d’émotions vraies, la pièce revigore une situation qui n’a jamais été aussi actuelle, ancrée dans le présent. C’est un tout un « show » qu’il vaut la peine d’aller voir parce qu’il éblouit et qu’il propose des réflexions censées et fondées.

François Dallaire


L’absence de guerre, écrite par David Hare et mise en scène par Édith Patenaude, est une vision nouvelle de la vie politique. Elle transporte l’auditoire au sein du parti travailliste subissant une crise durant une campagne électorale précipitée. Si les conservateurs remportent depuis plusieurs élections les sièges du pouvoir, le parti gauchiste gagne néanmoins en popularité auprès de l’opinion publique. À l’image des dernières élections fédérales canadiennes, cette pièce ne rejoint pas un large public, mais cible plutôt les mordus de l’actualité et de la politique. Elle apporte par contre une prise de conscience face à la difficulté de consolider les stratégies politiques avec les ambitions idéologiques d’une formation politique. On se concentre également sur l’image du parti, soutenue ou détruite par les médias, et ses incidences sur la fragilité humaine.

Le fond domine amplement sur la forme, mais la mise en scène surprend à quelques reprises par son originalité. La disposition de la salle du Théâtre Premier Acte confère une dynamique intéressante, transformant la salle en session parlementaire comme en plateau télévisé. De ce fait, l’interaction du public avec les acteurs remplace avec aisance le décor minimaliste. Poussant l’audace, les scènes en rapport aux médias sont filmées en direct est porté en images sur un écran de télévision.

On peut critiquer la trop longue durée de la pièce qui brise parfois le rythme. Cependant, comme toute pièce à l’aspect psychologique développé, ce temps est nécessaire pour saisir la forte personnalité et la profondeur des personnages.

L’absence de guerreest la fierté et la déception, la peur et le courage, la haine et la fraternité, mais c’est surtout l’espoir, l’utopie d’un monde juste et équitable.

Raphaël Létourneau

 

Quoi ?L’absence de guerre

Qui ?Texte : David Hare, mise en scène : Édith Patenaude

Quand ?Jusqu’au 26 novembre

Où ? Théâtre Premier Acte

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