Le Théâtre de la Bordée accueille La Locandiera jusqu’au 26 mars 2011.

L’amour, mais à quel prix ?

Mirandolina est une belle aubergiste de Venise. En italien: la locandiera di Venezia.  Elle parvient à soutirer ce qu’elle veut des clients de sa locanda: richesses et divertissements, sans aucune intention de se mettre en ménage.  Les hommes sont prêts à tout pour être dans ses bonnes grâces, mais un rustre chevalier de passage à l’auberge affirme être insensible à ses attraits. Rien de plus attrayant pour la séductrice.

Celle qui incarne cette aubergiste, c’est Marie-Hélène Lalande. Originaire de Montréal, elle complète sa formation au Conservatoire de Québec en 2006 et dit avoir été séduite par la Vieille-Capitale. Consciente du privilège de jouer le rôle de Mirandoline, elle affirme s’être appliquée à agglutiner toutes les couches de son personnage: «elle est charmeuse, c’est évident, mais c’est aussi une femme intelligente et rusée qui a le désir de demeurer libre».  

Le public était chaleureux et les rires étaient francs lors de la première. Bien qu’à priori divertissante, la pièce possède plusieurs angles d’interprétation. «Une femme comme ça en 1753, c’est avant-gardiste», soulève Marie-Hélène Lalande. L’actrice est consciente du message féministe inhérent au texte, mais explique que Jacques Leblanc insistait pour que l’idée de liberté soit mise au premier plan dans sa mise en scène.

C’est le hasard qui a bien fait les choses, car Mme Lalande décrit la troupe comme un hétéroclite ensemble de «gens qui n’ont jamais nécessairement joué ensemble». La jeune comédienne soutient que le plus facile avec La Locandiera a été «le plaisir qui s’est installé dans la troupe dès le début. On s’est senti à l’aise de travailler ensemble et d’essayer des choses». 

Deux niveaux de jeu

L’aubergiste et le chevalier (Serge Bonin) sont les rôles piliers de la pièce, cela se ressent dans leur interprétation, ils jouent sur un autre niveau de jeu. «Jacques voyait deux personnages qui marchent sur une rue alors que les autres vont très vite autour», explique Lalande.

On sent que les piliers évoluent sur un registre plus vrai, alors que les autres jouent les pointes plus clownesques. Ce sont eux, d’ailleurs, qui provoquent les rires plus sonores dans la pièce.

«On doit assurer et donner de la crédibilité à l’histoire principale», dit-elle, parlant de Serge Bonin également. Les passages entre le chevalier et Mirandoline font sourire, mais rarement obtiennent-ils des réactions aussi franches que ceux entre les autres personnages plus extravagants.

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