Tragicomédie sur la route 132

De prime abord, certains éléments du long-métrage peuvent paraître quelque peu improbables. Bouleversé par la mort de son fils de cinq ans, Gilles (François Papineau) prend la fuite sur la route du Bas-Saint-Laurent avec Bob (Alexis Martin), dans le but de dévaliser une banque d’un petit village. Or, à travers ce road trip vers l’inconnu, les personnages chemineront vers leur quête personnelle à travers des émotions magnifiquement transposées à l’écran. Alors que Gilles semble perdre la raison, il sera intuitivement mené vers l’apprentissage du deuil. Quant à Bob, il trouvera dans la campagne quelque chose de plus inspirant que la vie minable qu’il vivait à Montréal.

Bien que le fond de l’histoire soit dramatique, les scénaristes (Louis Bélanger et Alexis Martin) ont osé mélanger le triste avec le drôle. «On ne voulait pas faire un film larmoyant d’un bout à l’autre», indique Alexis Martin. Même dans la plus grande douleur, il y a toujours place à un sourire ou à une blague. Tout n’est pas tout noir ou tout blanc. «La vie est bien plus complexe. Il y a de bonnes jokes qui se disent à côté de quelqu’un qui souffre et on a le droit de le montrer», souligne le comédien François Papineau. Sans trop tomber dans la comédie, le dosage est juste à point pour émouvoir le spectateur tout en lui arrachant quelques rires qui font du bien.

Grâce à un riche scénario, Route 132 aborde diverses préoccupations de la société québécoise moderne: le rapport à la religion, le soin des personnes âgées, le sort des militaires, etc. «Quand je fais un film, je veux raconter des histoires et divertir les gens, mais aussi leur présenter un miroir de la société dans laquelle ils vivent», témoigne en ce sens Louis Bélanger.

Ce film présente également un magnifique portrait du Bas-Saint-Laurent. «On a voulu faire un hommage aux régions du Québec, à la ruralité qui ne doit pas mourir», admet Alexis Martin. «Je pense qu’il faut se réapproprier ce grand territoire-là et arrêter de penser qu’il y a juste de la vie à Montréal et à Québec», explique-t-il. Toutefois, comme le signale son coscénariste Louis Bélanger, le but n’était pas de montrer la campagne comme une carte postale, puisque la vie en région comprend aussi une réalité plus dure, celle de l’abandon et de l’oubli.

Si le sentiment de solitude est récurrent, il reste une lueur d’espoir tant pour les deux amis que pour ceux qui croiseront leur chemin. Route 132 est le genre de film qui se démarque par des émotions bien senties et qui surprend par son angle de traitement.

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