Un toi dans ma tête

Le couple : thème encore et toujours d’actualité, surtout en 2012. Jean-Michel Girouard l’a bien compris.

Cyril Schreiber 

Photo: courtoisie, Claudy Rivard

Amours écureuils, présentée à Premier Acte, est la deuxième production de la compagnie de théâtre Jésus, Shakespeare et Caroline, qui tend à « bâtir une poésie extrêmement concrète et très accessible […] bien ancrée dans la réalité, dans le quotidien d’aujourd’hui ». Force est de constater que cette pièce de Girouard remplit ce mandat à merveille.

Elle raconte l’histoire d’Alex qui, un soir, revient chez son ex-copine, Agathe, pour lui rapporter quelques affaires et accessoirement lui raconter ce qu’il a écrit durant ses nuits d’insomnie : leur histoire. Il se trouve qu’Agathe ne dort pas, et feint le sommeil… C’est donc l’histoire de ce couple qui est racontée chronologiquement, à coup de flashbacks et de moments-clés, tantôt devant les Salons d’Edgar, tantôt devant un septième match des séries éliminatoires opposant Montréal à Philadelphie.

Jean-Michel Girouard, qui tient aussi le rôle masculin avec une émotion forte, signe un joli texte qui s’interroge sur cette notion de couple, avec des références culturelles et sociales très contemporaines; l’histoire se déroule à Québec, dans les années 2010. Son écriture est actuelle, avec sa poésie et ses menus défauts – quelques clichés et passages mélodramatiques heureusement peu nombreux. À ses côtés, Marie-Hélène Gendreau offre une performance touchante et complémentaire à celle de son compagnon de jeu. Leur complicité est visible, sans être encombrante.

Amours écureuils se situe dans le registre de l’intime, du réalisme, de la simplicité volontaire. La mise en scène de Vincent Champoux, toute en délicatesse et en poésie, sert très bien le propos de la pièce, notamment grâce aux éclairages et à la musique. Marie-Renée Bourget Harvey a aussi fait un beau travail de scénographie, avec ces trois lits identiques comme trois repères spatiaux et temporels.

Ce couple a tout ce qu’il y a de plus commun – ce qui ne veut pas dire ordinaire. Il est unique, et pourtant il ressemble sûrement à de vrais couples. Le ton est juste, la représentation réaliste. Amours écureuils ne révolutionnera pas le théâtre, mais c’est une « petite » pièce sympathique qui ne paye pas de mine et qui, surtout, est très touchante. Un bon premier pas pour Jean-Michel Girouard et ses collègues.

Quoi ? Amours écureuils

Qui ? Texte : Jean-Michel Girouard, mise en scène : Vincent Champoux

Où ? Théâtre Premier Acte

Quand ? Jusqu’au 5 mai

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