Le chroniqueur qui voulait gâcher Noël

C’est peut-être parce qu’il neige de l’autre côté de ma fenêtre. C’est peut-être parce que la session d’automne achève. C’est peut-être aussi parce que dans exactement deux semaines, je serai quelque part en train de me remettre du réveillon. Mais, cette semaine, j’ai le goût de vous offrir une chronique thématique. Avec de petites lumières qui clignotent et de la farce plein les entrailles.

Cette fois-ci, il ne sera question ni de politique, ni de débats sociaux. J’aurais pu vous écrire à propos de Boisclair en mission fleurdelisée à New York, mais non, je ne le ferai pas. Morsi qui recule en Égypte ? Aucunement. Harper et ses F-35 ? Chavez et son cancer ? Bettman et son lockout ? Non, non et non. Noël, voilà ce qui intéresse les gens en ce moment.

Noël, la belle grande fête qui rassemble, charme et attendrit. Celle-là même qui vous pousse à invectiver sauvagement votre prochain parce qu’il vous a piqué votre espace de stationnement. Ah, la magie du temps des fêtes !

Comment ne pas se laisser emporter par la douce frénésie de décembre ? Comment résister à cette envie d’engueuler un vendeur parce que son magasin n’est pas dépositaire de l’article que vous cherchez ? Vibrons tous ensemble à la rédaction de notre liste de cadeaux. Dansons au rythme des comptes qui se vident et des cartes qui se remplissent. Les centres commerciaux sont ouverts à longueur de journée, c’est l’extase !

Noël, c’est aussi synonyme d’apothéose culturelle. Avez-vous entendu l’album du temps des fêtes de Star Académie ? Écoeurant ! L’an passé, il y avait eu l’incroyable film américain New Year’s Eve, un chef-d’oeuvre subtil et bien ficelé à propos du moment de l’année que nous préférons. Et là, je ne mentionne pas les nombreuses émissions de variétés qui nous attendent d’ici la fin du mois. Je frétille d’appréhension.

Voyez-vous, Noël, de nos jours, c’est vide. Un peu comme cette chronique. Je suis probablement un être rongé par la nostalgie, mais j’ai l’impression que quelque chose ne tourne plus rond à propos du 25 décembre et de ses festivités satellites. John Hugues est mort, Macaulay Culkin se drogue, de pauvres gens se piétinent dans les grandes surfaces à la recherche d’un lecteur Blu-Ray plus ou moins à rabais.

Traitez-moi de grincheux, de grognon, de pessimiste, ça me va. Tout ce que je demande c’est un temps des fêtes un peu plus humaniste, un peu moins sauvage et matérialiste. Passons du temps en famille, entre amis, loin du stress et de la pression qui nous emportent le reste de l’année. Loin des heures d’ouverture, de fermeture, des embouteillages et des dates limites. Je veux Home Alone, je veux ciné-cadeau. Je veux Frank Sinatra qui griche et qui me chante les vieux classiques.

Pour Noël, cette année, je veux juste un peu de sincérité.

Raphaël Lavoie

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