Entrepreneurs recherchés!

Francis Nadeau, coordonnateur au CTE, précise que la «mission ultime de l’exercice d’une des études est de sensibiliser les propriétaires “cédants” (qui désirent se départir de leur entreprise) à l’importance de planifier la relève.» Une soixantaine de membres de la Chambre de commerce de Québec ont assisté au dévoilement des recherches portant sur les effets du vieillissement de la population par rapport à la relève au sein des entreprises québécoises.

Jules Cossette, économiste au Ministère du développement économique, de l’innovation et de l’exportation, a brossé l’ampleur de la problématique liée au vieillissement de la population. Il y a 20 ans, les entrepreneurs âgés de 45 ans et plus représentaient 40% de la population entrepreneuriale, alors qu’ils forment 60% de ce groupe aujourd’hui.

Au Québec, 24 100 entrepreneurs quitteront leur poste d’ici 2013, ce qui représente 13,3% de ceux-ci. En 2018, cette statistique se chiffrera à 55 000, soit 30,4%.

L’étude s’est aussi intéressé au nombre d’entrepreneurs intéressés à reprendre le flambeau en achetant une entreprise déjà existante. En ajoutant ce nombre aux vendeurs prévus, le bilan est négatif. «Nous perdrons 5 000 entrepreneurs d’ici 2013, 25 000 pour 2018», affirme Jules Cossette, ce qui compromet l’existence même de plusieurs entreprises. Les statistiques pour l’ensemble du Canada dépeignent un avenir légèrement moins pessimiste.

D’après Cossette, ces résultats s’expliquent par un taux d’éclosion entrepreneurial plus bas chez la jeune génération québécoise. Il précise que le groupe âgé de 40-49 ans ne généreront pas de nouveaux entrepreneurs, contrairement à ce qui est prévu ailleurs au pays.

L’étude présentée par la directrice de la recherche et de l'analyse au Centre de vigie et de recherche sur la culture entrepreneuriale à la Fondation de l'entrepreneurship, Marie-Ève Proulx, considère comme «releveurs» les individus ayant l’intention de se lancer en entrepreneuriat ou ayant fait des démarches en ce sens. Pour 27 000 releveurs potentiels de 18-54 ans, nous comptons 26 000 cédants de 35 ans et plus dans la région de la Capitale-Nationale. Étant donné l’incertitude liée au nombre de releveurs, les résultats sont inquiétants.

Marie-Ève Proulx a proposé des pistes de solutions. En plus de profiter du bassin de population de l’Université Laval qui forme plusieurs gestionnaires en leur donnant l’occasion d’acquérir des entreprises existantes, il serait possible de favoriser les contacts entre les cédants et les releveurs.

Le processus de cession d’entreprises étant souvent confidentiel, il pourra être ardu de mettre en œuvre cette dernière solution. «La première chose qu’on demande aux professionnels travaillant pour la cession de l’entreprise, c’est de garder l’information pour lui», a commenté une participante qui souhaite acquérir une entreprise, mais n’arrive pas à en trouver. Celle-ci a précisé qu’il en était ainsi car les clients et investisseurs ont tendance à fuir les entreprises entamant un processus de vente.

Actuellement, 40% des entrepreneurs âgés de 55 ans et plus comptent fermer leur entreprise au lieu de la céder, car leur entreprise est trop personnelle, trop petite ou parce qu’ils ne trouvent pas de releveurs. Ces derniers représentent 17,7% des entrepreneurs de 55 ans et plus.

Un tel déficit ne peut que faire mal à notre économie, comme le précise le professeur Louis-Jacques Filion. «La ressource la plus importante d’une société, c’est le potentiel entrepreneurial de ses membres. La création d’entreprises est la principale activité permettant de combattre la pauvreté et d’assurer le développement d’une société.»

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