La hausse des droits de scolarité a été défendue dans deux conférences sur le sujet

La hausse des droits défendue

«Est-ce que la bataille pour les frais de scolarité, c’est la vrai bataille pour les jeunes de votre génération?» C’est sur cette phrase que Frédrick Têtu, proposé par l’Institut économique de Montréal (IEDM) a ouvert le débat de la semaine dernière.

Selon lui, «la hausse de la RRQ [annoncée dans le budget Bachand] va vous coûter plus cher dans les 30-35 prochaines années que la hausse des frais de scolarité». Les étudiants devraient donc, d’après son discours, militer pour cette cause plutôt que pour de faibles droits de scolarité.

Il ne s’est pas dit convaincu de l’effet d’une hausse des frais sur l’accessibilité aux études. «Pour moi, c’est un très mauvais argument pour justifier un gel des frais de scolarité parce qu’il paraît clair que l’accès à l’université se joue bien en amont dans le système d’éducation. Si on voulait que plus de jeunes québécois aient accès à l’université, le dernier endroit où l’on devrait dévouer des ressources, c’est dans une subvention servant à abaisser les frais de scolarité afin de garder plus de ressources pour les jeunes en difficultés dès le primaire.»

Un autre point de vue

Simon Tremblay-Pépin, de l’Institut de recherche et d’information socio-économiques (IRIS), lors de la conférence du lendemain, a répondu par la voix des chiffres en démontrant que le Québec possède, grâce à ses bas frais de scolarité, un taux de fréquentation des institutions postsecondaires 10% supérieur à la moyenne canadienne. «Si on perdait ce 10% de fréquentation, ça représente 85 000 jeunes qui ne vont pas à l’université ou au cégep» a-t-il précisé.

De plus, lors de la hausse de 1991, une chute du taux de fréquentation qui s’est répercutée pendant six ans est survenue. Elle s’est résorbée lors du gel qui a suivi. M. Tremblay-Pépin s’est aussi dit étonné «d’entendre, de la part de néo-classiques: "on augmente le coût d’un bien, mais ça n’aura aucun effet sur la demande".»

Au niveau de l’endettement étudiant, M. Têtu pense «que c’est une perspective faussée. Faire des études universitaires, ce n’est pas un endettement, c’est un investissement. Avoir 5 000$ de plus d’endettement, c’est un détail. Quelqu’un qui se laisserait arrêter par ça, c’est quelqu’un qui a un très mauvais sens des affaires. Et je serais tenté de dire qu’il n’a pas sa place à l’université.»

À cela, le chercheur de l’IRIS a répondu que «l’étudiant économiquement démuni ne pèse pas, froidement, le pour et le contre. Il se demande s’il pourra manger demain.»

Il a conclu en précisant que le budget Bachand annonce «la fin de l’exception québécoise».

Consulter le magazine