Résumé de la conférence sur l'euthanasie et le suicide assisté à l'UL

L'efficacité des soins palliatifs

«Les gens croient que l’euthanasie est la meilleure solution à l’agonie malgré les effets positifs montrés par les soins en fin de vie», déclare le Dr Hubert Marcoux, professeur au département de médecine familiale et de médecine d’urgence de l’Université Laval. Le système de santé ne renseignerait pas adéquatement les gens à ce sujet. «Il est important que les patients et leur famille soient bien informés avant de faire un choix», ajoute-t-il. Celui-ci a témoigné mardi dernier lors d’une table ronde sur l’enjeu de la légalisation de l’euthanasie organisée par la Chaire publique de l’AELIÉS. Cette dernière croit que le gouvernement canadien pourrait grandement profiter de cette réflexion dans son processus décisionnel.

Aussi présent à la chaire, le Dr Louis Roy du Service de soins palliatifs à l’hôpital de l’Enfant-Jésus s’inquiète plutôt que certains patients soient plus tentés d'emprunter la voie du suicide assisté si elle est légalisée. «Les patients frêles qui ne sont plus autonomes voudront peut-être recourir à l’euthanasie seulement parce qu’ils ne veulent pas être considérés comme un fardeau», estime le médecin. Pour lui, l’euthanasie représente surtout un moyen d’éviter les étapes difficiles du processus de la mort.

Des soins palliatifs efficaces
Les patients devraient grandement considérer les soins palliatifs, croit le Dr Louis Roy, qui tient à signaler leur efficacité. «Lorsque les patients ont un bon suivi, ils gagnent beaucoup en qualité de vie et même un peu en quantité de vie», souligne-t-il. «Les patients disent d’ailleurs se sentir beaucoup mieux après un traitement de plusieurs jours au Service de soins palliatifs de l’Enfant-Jésus.»

Par ailleurs, certains centres de soins palliatifs de la province sont en manque de ressources. «Dans plusieurs centres hospitaliers de la province, le personnel n’est pas formé aux soins palliatifs. Même les nouveaux infirmiers et infirmières n’y sont pas initiés étant donné que c’est un domaine relativement nouveau», déclare le médecin. «Il faut donc que les universités et le réseau de la santé forment des gens compétents pour pouvoir offrir ses services à tous ceux qui en ont besoin.»

Une médecine acharnée
D’un autre point de vue, la présidente de la Commission d’éthique, de la science et de la technologie du Québec croit plutôt que la légalisation de l’euthanasie serait une solution à l’acharnement de la médecine à vouloir garder les gens en vie le plus longtemps possible. «Les médecins sont maintenant capables de conserver les conditions vitales du corps beaucoup plus longtemps», soutient Édith Deleury. «On s’exproprie la mort du patient». Bernard Keating, professeur à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval est du même avis: «Maintenant que la technologie est maître de notre société, on compte sur elle pour décider du moment de notre mort», souligne-t-il.

Par ailleurs, Édith Deleury croit que le mouvement est freiné par certains médecins qui manifestent un malaise concernant la mise à mort de l'un de leurs patients. «Beaucoup de médecins perçoivent le suicide assisté comme un geste homicide même si on ne peut pas dire que c’en est un. C’est un geste qui permet de soulager la souffrance des patients selon leur consentement», souligne-t-elle. Bernard Keating croit plutôt qu’il y a une confusion entre arrêt de traitement et euthanasie qui doit être éclaircie. «L’arrêt du respirateur n’est pas un suicide puisqu’il permet au processus de la mort de continuer», explique-t-il.

Le consentement, une priorité légale
Devant les risques de dérapages que pourrait occasionner une légalisation de l’euthanasie par le gouvernement canadien, le Dr Louis Roy appelle à la prudence. Selon lui, certains décès pourraient avoir lieu sans le consentement du patient comme cela a été le cas en Belgique. En juin dernier, des infirmiers et infirmières belges avaient témoigné sur des pratiques illégales et près de la moitié des suicides assistés dans le pays auraient lieu sans le consentement du patient. Il faut donc selon le M. Roy que le processus de consentement se déroule de manière très stricte si jamais l’euthanasie est légalisée au pays.

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