L’idée du Parti Québécois d’aller de l’avant avec le droit de vote à 16 ans est complètement mystifiante. Il est déjà difficile d’éveiller la participation politique assidue des jeunes de 18 à 24 ans, ce n’est pas en allant chercher la tranche des 16-17 ans qu’on va aller chercher un vote de qualité.

Pas la taille requise

 

Certes, si on se fit au point de vue quantitatif, on va aller chercher un plus grand nombre d’électeurs, bien qu’encore là, le taux de participation n’en sera probablement pas affecté de façon importante.  Mais au final, on oublie trop souvent l’aspect qualitatif du vote. À 16 ans, les étudiants n’ont pas encore terminé une formation collégiale et sont bien souvent à la sortie du secondaire.

La tête d’un étudiant de cet âge quant aux décisions politiques à prendre n’est tout simplement pas faite. Il n’y a aucune raison légitime pour donner un droit de vote à des jeunes de cet âge.

À 16 ans, on s’en fout

On a tous été des étudiants de 16 ans, et mis à part quelques rats de bibliothèque ou étudiants en avance sur leur temps, la politique était très loin dans nos esprits. On s’en foutait complètement. À la limite, quand venait le temps des manifestations et des regroupements étudiants des plus vieux, comme en 2005, on se pointait timidement et on trouvait ça « cool » de crier so so so,  solidarité. En 2001, j’étais en secondaire 2, j’ai manqué une avant-midi d’école pour aller au Sommet des Amériques. Pourquoi ? Sais pas, y’avait des gaz lacrymogènes et des policiers anti-émeutes. Bien souvent, on ne savait même pas quel était l’enjeu de la manifestation.

À la rigueur, quand on avait 16-17 ans, ceux qui pouvaient se permettre de donner une opinion politique sont ceux qui avaient des idées reçues de leurs parents. En gros ça signifie que leurs parents pourraient voter deux fois à travers leurs enfants. Oui je sais on pousse loin ici, mais c’est quand même ça la réalité. Un étudiant n’a pas eu le temps de s’informer suffisamment et de comprendre l’enjeu auquel il doit participer. Encore là, oui, il y a quelques exceptions, mais est-ce que ça vaut vraiment la peine de récolter 5 mauvais vote pour 1 bon vote. Un vote est un vote dira-t-on, mais bon, on parle d’une question de principe ici.

Vote sous influence

Il faut donc se questionner sur l’état d’esprit que le jeune de 16 ou 17 ans aura lorsqu’il ira voter. Est-ce qu’il va voter parce que c’est cool ? Pour le PQ parce que la majorité de sa gang est souverainiste ? Ou parce que le père d’un autre dit que Charest est un moron et que François Legault est une girouette ? Ira-t-il voter pour les libéraux parce que sa mère lui a dit que c’était ce qu’il y avait de mieux pour lui ? Le jeune au final sera à la merci d’une importante somme de facteurs qui sont hors de son contrôle. Le libre-arbitre du jeune ne sera tout simplement pas prêt à faire un choix politique éclairé et dénué de toute influence provenant de l’extérieur.

Un bon vote, c’est un vote qui se fait à la lumière de ses propres convictions. Certes nous sommes sous l’influence constante de nos pairs, vient tout de même un moment où de par nos connaissances et nos expériences, il nous est possible de confirmer que nous faisons le bon choix. À 16-17 ans, c’est tout simplement peu probable, voire impossible. 

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