Les 146 membres du collège électoral ont tranché. Denis Brière a obtenu un second mandat comme recteur de l’Université Laval mais non sans peine, le 1er mai dernier.

Réélection de Denis Brière

Les 146 membres du collège électoral ont tranché. Denis Brière a obtenu un second mandat comme recteur de l’Université Laval  mais non sans peine, le 1er mai dernier.

David Rémillard

Il aura fallu quatre tours de scrutin pour qu’il soit finalement réélu, devant l’autre rescapé du quatrième tour, le doyen de la faculté des sciences sociales, François Blais.

Denis Brière n’avait pas obtenu la majorité (50%+1) au terme du premier tour et avait récolté 62 votes contre 79 pour l’ensemble de ses opposants. Les transferts de vote ont finalement donné raison au recteur sortant, qui a obtenu 80 votes contre 59 pour François Blais. Marie-Hélène Parizeau, professeure en philosophie, a été éliminée au premier tour, Esther Deom, professeure au département de relations industrielles, au deuxième, et le doyen de la faculté des sciences de l’administration, Robert Mantha, au troisième.

Des promesses

Après sa réélection, Denis Brière a pris des engagements auprès de la communauté universitaire. Au cours de son prochain mandat de cinq ans, M. Brière entend procéder à l’embauche de professeurs. Dès cette année, il promet 80 nouveaux professeurs sur le campus. Il reprend ainsi la balle au bond envoyée par la plupart de ses adversaires, dont François Blais, pour qui l’amélioration de la qualité de l’enseignement était une priorité. M. Blais déplorait notamment la chute de l’Université Laval dans les classements universitaires internationaux. Par exemple, le 4 septembre 2011, Laval perdait 45 positions, passant de la 271ième à la 316ième place du Qs World University Rankings.

M. Brière a également fait mention du laissez-passer universel d’autobus (LPU). Ce projet, sur lequel la CADEUL planche depuis 2005, faisait partie des promesses électorales du recteur en 2007, lorsqu’il a été élu pour un premier mandat. Au mois d’avril dernier, Impact Campus publiait que la CADEUL songeait à remettre le LPU parmi ses priorités, une fois la grève étudiante terminée. La CADEUL déplorait également cet hiver que le recteur avait fait une promesse purement électoraliste sans honorer son engagement de mettre en place le LPU. Lundi, le président de la CADEUL, Martin Bonneau, a lancé un message clair au recteur. « Cette fois-ci, il va falloir que des projets se concrétisent. »

Le LPU ne sera toutefois pas facile à implanter, si l’on se fit aux indications de François Picard, responsable de l’aménagement du territoire à la Ville de Québec. M. Picard mentionnait au début du mois d’avril que le dossier était clos et qu’il coûtait trop cher dans sa forme actuelle.

Changement demandé

Malgré sa réélection, Denis Brière devra prendre acte que certains changements s’imposent au sein de la gouvernance. C’est du moins l’avis de quelques représentants syndicaux et étudiants.

Pour Puma Freytag, président du syndicat des chargées et chargés de l’Université Laval, c’est la notion de collégialité qui doit prendre le dessus. Plusieurs opposants au recteur Brière critiquaient sa gestion entrepreneuriale de l’université, au détriment d’une approche à l’écoute de ses membres.

Il croit que M. Brière et ses vice-recteurs devront être davantage « sur le terrain ». « Un vice-recteur qui ne va jamais rencontrer les organisations syndicales, il y a un problème », a-t-il confié en entrevue. Selon lui, les relations de travail sont actuellement basées sur une relation patrons-employés, ce qui nuit à la productivité et à la bonne gestion des conflits. Il déplore l’appel récurrent à l’arbitrage et aux services d’avocats pour régler les dossiers. « Ça coûte une fortune à l’université et aux syndicats », a-t-il dénoncé. « Quand on voit l’argent qui est mis là-dedans et qu’on demande aux étudiants de payer plus pour leurs frais de scolarité, on est un peu scandalisés ».

M. Freytag croit le recteur devra lancer un appel à ses vice-recteurs pour une meilleure communication, et qu’un changement de philosophie dans les relations de travail doit être apportée. Il a vertement critiqué le travail du vice-recteur aux ressources humaines, Michel Beauchamp, lequel est pointé du doigt pour sa mauvaise gestion de l’implantation du logiciel des ressources humaines People Soft. «C’est une vraie catastrophe, a-t-il lancé. Il nous faut un vrai vice-rectorat aux ressources humaines. » Il croit qu’il y a dans la saga People Soft le signe d’un problème de communication entre l’administration universitaire et les organisations syndicales.

Du côté de la CADEUL, « on s’attend à ce que Denis Brière prenne acte de la volonté de changement et des inquiétudes qui ont été soulevées par une bonne partie de la communauté universitaire », a résumé son président Martin Bonneau.

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