Regard sur la conférence : Le christianisme survivra-t-il à la modernité?

Survivre au modernisme

Organisée par la chaire publique de l’ÆLIES dans le cadre de l'exposition «Dieu(x) mode d'emploi», cette conférence a fait salle comble. Quatre sommités de spécialisations différentes étaient présentes : Anne Fortin, théologienne; Raymond Lemieux, sociologue des religions; Anne Pasquier, historienne et Marc Pelchat, doyen. Tous sont rattachés à la Faculté de théologie et de sciences religieuses (FTSR). Malgré un sujet délicat, l'ambiance y était paisible et agréable. Délicat, car pour certains, la relation entre le christianisme et la modernité est totalement incompatible et est appelée à disparaître. Pourtant, ce n'est pas la conclusion à tirer de cette conférence (avec nuance).

Par sa richesse de contenu, il est difficile de rendre compte de tout ce qui s'est dit à cette conférence. Résumer chacun des conférenciers reviendrait à répéter intégralement leurs propos. Toutefois, deux éléments cruciaux sont à retenir.

Premièrement, une réponse pragmatique est impensable tant les possibilités sont nombreuses. Comme l'a mentionnée Anne Fortin, il est impossible de répondre à la question posée par un simple oui ou non.
Anne Pasquier a aussi affirmé «qu'il est difficile de juger la mort d'une religion, donc l'avenir du christianisme reste inconnu». Historiquement nous dit-elle, une telle remise en question n'est pas exclusive de notre époque. À de nombreuses reprises, cette religion s'est vue obligée de s'adapter à de nouvelles réalités. Anne Fortin a d'ailleurs cité la Bible pour appuyer cette idée. On y retrouve quelques passages où il y a mention d'une nécessité d'un «retour aux sources». Comme quoi la question initiale de la conférence n’est pas nouvelle.

Pour Raymond Lemieux, le large spectre de réponses varie en fonction du point de vue utilisé pour aborder la question. Avec l'allure d'un commentateur politique, il a dit que si la tendance se maintient, le christianisme va disparaître. La réalité est pourtant plus complexe. Pour M. Pelchat, c'est une « crise » qui peut être réglée, car «telle est l'histoire même de la société et de l'Église».

«Changement», «adaptation» et «réforme» sont donc les mots à retenir de cette conférence. Les quatre spécialistes ont tous mentionné que le christianisme allait survivre à la modernité s'il s'adaptait au contexte social actuel.

Pour Anne Fortin, il faut se questionner sur la définition du christianisme. En réfléchissant sur la nature du christianisme, nous serions amenés à une vision sur son avenir. Par «retour réflexif», nous serions amenés à «se souvenir d'où on va». Selon R. Lemieux, le christianisme pourra survivre s'il s'adapte à l'idée que tous doivent apprendre à vivre ensemble. Pour Mme Pasquier, «il nécessite aux chrétiens d'être unis malgré les différences et de mettre fin à la rivalité». Autrement dit, sa survie repose sur l’œcuménisme. Pour Marc Pelchat, cela implique une «recomposition des relations entre les croyants et la société» basée sur le dialogue.

Ainsi, la chose est entre les mains de la société même.

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