Avenir de l’information : Recommandations du rapport Payette

Vers un statut professionnel

«Il y a un déséquilibre entre les régions et les citoyens en matière d’accès à une information diversifiée», peut-on lire dans le rapport du groupe de travail qui a été déposé mercredi dernier. Le climat général du milieu de la presse québécois est jugé préoccupant.

«Il y a une baisse généralisée de l’offre de nouvelles d’intérêt public. On peut constater un désintérêt de la population, amenant une baisse des revenus publicitaires pour les entreprises de presse. Ce type de nouvelles coûtant très cher à produire, l’offre diminue donc de plus en plus. Cet enjeu est fondamental. Dans quel genre de société voulons-nous vivre? L’information est nécessaire pour former de bons citoyens», lance Dominique Payette en entrevue.

L’État est appelé à intervenir de façon structurante sur l’information. Les médias seront avantagés en embauchant des journalistes professionnels, notamment par la mise en place d’un crédit d’impôt de 40% à leur embauche. Le rapport propose de mettre en place de telles mesures pendant cinq années.

« Les entreprises de presse pourront continuer à embaucher qui elles veulent. Toutefois le journaliste professionnel arrivera avec une boîte à outils contenant le secret de ses sources et une priorité à ses demandes d’accès à l’information. Cela s’ajoute aux avantages économiques pour les médias», continue l’ex-journaliste de Radio-Canada.

Une formation axée sur la déontologie

À la suite de rencontres tenues avec l’ensemble des intervenants liés aux écoles de journalisme, le Groupe de travail arrive à la conclusion que celles-ci doivent garder leur indépendance et leur autonomie. Pas question donc de standardiser les programmes. Il y a deux exceptions néanmoins : le rapport propose l’ajout d’un test obligatoire de compétences en langue française au début du cheminement, et celui d’un cours de déontologie du journalisme à la fin du programme, cours nécessaire à l’obtention de la carte de presse. Notons que ces deux évaluations existent déjà au Département d’information et de communication de l’Université Laval.

« Nous proposons aussi la mise en valeur de formations continues des journalistes. Très peu d’employeurs le font. Cela pourrait prendre la forme de crédits de formation dans tous les domaines, notamment la déontologie et la langue. 56% des journalistes interrogés lors de notre étude n’ont jamais suivi de cours de déontologie», conclut la professeure.

Des réactions

En première réaction, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) réserve un accueil favorable au rapport, tout en mentionnant que diverses recommandations devront être modifiées en fonction des attentes du milieu journalistique québécois. À propos de la proposition principale du rapport, soit le statut de journaliste professionnel, le président Bryan Miles précise par voie de communiqué que son organisation travaille présentement à l’élaboration d’une proposition pour la reconnaissance de ce titre. Mentionnons que le Conseil de presse du Québec et l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) ont aussi exprimé leur appréciation du rapport. La ministre de la Culture et des Communications, Christine St-Pierre, confirmera les intentions de son gouvernement après avoir pris connaissance de l’ensemble des recommandations.

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