Des vêtements qui parlent

Dans les années 1990, Marie-Chantal LeBreton s’élance à la découverte du monde, sac au dos, se finançant par la vente des bijoux qu’elle créait jadis. Elle se laisse rapidement impressionner par tout ce que les gens qu’elle rencontre lors de son périple peuvent faire avec un minimum de ressources matérielles. À son retour, l’écologiste se met à modifier les vêtements de ses amis pour les rendre plus originaux. De fils en aiguille, elle en vient à élaborer de créatifs costumes de théâtre et de danse. Puis, elle conçoit, de toutes pièces, ses propres créations. En 1995 débutait l’épopée Myco Anna.

Délices vestimentaires colorés, extravagants, chics, originaux et, de surcroît, faits de matières recyclées, voilà ce que vous propose Myco Anna! Les deux innovatrices collections – été et hiver – que la compagnie met en marché chaque année sauront vous ravir.

Aujourd’hui, les précurseurs du projet se sont retirés et c’est Christiane Garant qui, vaillamment, occupe à la fois le siège de propriétaire de l’entreprise et celui de directrice du design. Malgré l’expansion de l’institution, les préoccupations éthiques demeurent. L’utilisation de matériaux recyclés est une valeur profondément ancrée chez Myco Anna. Le hic, c’est que l’utilisation de textiles récupérés ajoute nombre d’étapes dans la réalisation d’un morceau.

On fait d’abord appel à un acheteur qui doit séparer, pour les tissus, les pommes pourries des bonnes. On procède ensuite au laborieux lavage. Puis, vient le démêlage des tissus par couleur, par texture et par épaisseur. C’est alors le moment de la première coupe qui doit être faite en tenant compte des trous, des coutures et des taches de chacun des morceaux. Par la suite, un designer se lance dans la confection du vêtement. Une vérification du résultat s’ensuit afin de s’assurer qu’aucune bévue ne s’est immiscée dans le processus. Il faut encore en passer par le «démoussage». Une inspection finale termine la ronde. Malgré cette incontestable augmentation des coûts de production générée par l’emploi de matières de seconde main, l’entreprise se fait un devoir de les utiliser le plus souvent possible en demeurant dans les limites de la rentabilité. D’ailleurs, l’expansion de la compagnie pourrait lui permettre d’en venir à concevoir ses propres étoffes à partir de tissus déchiquetés.

Leurs créations de Myco Anna sont un judicieux amalgame de folie et d’élégance. La griffe se démarque tant, qu’elle se retrouve maintenant aux États-Unis, en Europe et le Japon vient de leur soumettre une proposition. Alors que Londres opte plutôt pour les modèles funky, Paris se réserve les tenues plus sobres, bon chic, bon genre. Les pays nordiques, quant à eux, se pâment pour les collections d’hiver qui regroupent lainages et fourrures, laissant de ce pas les colorées collections d’été à l’Espagne et à l’Australie.

Pour ceux qui considèrent que l’expression de sa personne peut se traduire par les choix vestimentaires, vous trouverez à la boutique Myco Anna de quoi affirmer les 365 états d’âme de votre année!

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