Au-delà du résultat

Globalement, les recherches de Bernard Paquet démontrent qu’Il n’y a pas que la dernière couche qui compte, d’où le titre de l’exposition. L’artiste et professeur ne s’est pas attardé à la poésie de son art; il affirme même ne pas s’être penché sur l’esthétisme de la chose. En prenant une année sabbatique (2009-2010), son objectif était d’approfondir la connaissance et le savoir-faire en matière de peinture, afin d’apporter quelque chose à son enseignement.

La matrice
«Le phénomène de couches, comme on le voit en peinture depuis la renaissance, est la résultante de ce que l’on voit. On sait qu’il y a parfois des dizaines de couches qui passent par presque autant d’œuvres en elles-mêmes, qui auraient pu être indépendantes», explique Bernard Paquet. Sa réflexion sur la question est d’autant plus poussée étant donné les nombreux outils technologiques à notre disposition. En concevant une image de façon numérique, il est possible d’en consulter les différentes couches, puisque l’ordinateur mémorise les étapes du travail. C’est à partir de cette notion que Bernard Paquet s’est affairé à la conception de trois matrices, l’une  étant exposée dans le centre de la Galerie. Il s’agit d’un paysage sous forme de «feuilleté», les couches étant illustrées sur de grandes feuilles transparentes superposées.

Petits objets
En voulant «ouvrir» sa peinture, Bernard Paquet s’est aperçu qu’il était toujours en processus de recherche. Il est allé poursuivre son étude en France, où il s’est principalement concentré sur la conception de petits formats. «Il y a toujours cette idée de couches, mais accumulées par le médium lui-même», indique-t-il en comparaison avec son précédent travail. «Dans le feuilleté, il y a l’air qui crée un vide. Dans le petit format, c’est le médium lui-même, l’acrylique non coloré, qui fait office de vide. En revanche, ça donne des objets qui sont pleins et non aérés.» Ces objets, que l’on compare à du verre, ont été conçus à partir de la superposition de très minces couches d’acrylique. «Ces couches sont comme l’ADN de la peinture, puisqu’on obtient des séquences colorées et aléatoires», illustre l’artiste enseignant, qui estime que les résultats obtenus n’étaient pas prévisibles. «Il y avait simplement un procédé et non pas un objectif de création. La couleur et la composition ne viennent pas vraiment de ma main », ajoute-t-il en spécifiant que dans le cas du feuilleté, il y avait une plus grande expressivité du pinceau et de la main.

Avant de se consacrer aux beaux-arts, Bernard Paquet faisait ses études en sciences. C’est peut-être ce qui explique la nature méthodique de ses études sur la peinture. Deux peintres l’inspirent particulièrement : l’Américain David Salle, qui effectue également un travail (différent) sur les couches, et le Catalan Miquel Barceló, qui a représenté l’Espagne à la biennale de Venise à l’été 2009. Dans le cas d’Il n’y a pas que la dernière couche qui compte, sa première inspiration reste «l’ère du temps», soulignée par l’arrivée et l’application des nouvelles technologies.

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