Boeing Boeing : zones de turbulences

Le 16 octobre dernier, le Théâtre de Poche se transformait en loft parisien pour accueillir cinq soirs d’affilés trois irrésistibles hôtesses de l’air, deux amis de longue date, et une bonne qui n’en pouvait plus des zones de turbulences.

Sitôt les lumières tamisées, le pilote nous dicte les règles de conduite avec une nonchalance qui nous plonge illico dans l’esprit de la pièce. La soirée sera légère, aérienne, même.

Bernard accueille tour à tour ses trois fiancées (Susie Dufour en aguichante Américaine, Marie-Pier McLeod en romantique Parisienne et Mia Bernard-Landry en honnête Allemande), qui atterrissent chez lui selon des horaires préétablis que Berthe (Gabrielle Martin) coordonne avec brio en ne manquant pas une occasion de nous rappeler que « ce n’est vraiment pas une vie pour une bonne ». Débarque ensuite Robert (Andy Cerqueira), l’ami de longue date un peu coincé de Bernard (ils le sont dans la vraie vie… amis, pas coincés !), qui passera quelques jours à la maison pour observer cette dynamique originale et peut-être, lui voler une (presque deux !) de ses fiancées. Tout se passe tellement bien pour Bernard qu’on se surprend à envisager sérieusement la polygamie. Jusqu’à ce que les boeing ultras performants arrivent… D’Oh ! dirait Homer. Les hôtesses atterrissent plus vite que prévu, les horaires se croisent, Robert fait des pieds et des mains pour sauver la peau de son vieil ami et Berthe, elle, hyperventile.

L’élément le plus intéressant de la pièce : la relation entre Robert et Bernard, leur étroite complicité et la justesse de leurs jeux. Les trois hôtesses méritent autant de compliments, malgré quelques accros dans les accents de leurs nationalités respectives (particulièrement la charmante Parisienne) qui nous faisaient décrocher. Parlant d’accros, des erreurs grammaticales – bien que très rares — auront fait frémir les inconditionnels de la langue française : les si mangent les rais, surtout au théâtre. Berthe, quant à elle, a mis quelques minutes à s’ajuster, mais le reste de sa performance — il faut vite inscrire cette comédienne aux jeux olympiques des expressions faciales — nous les a vite fait oublier. Les chorégraphies qui entrecoupaient la pièce et qui manquaient parfois de synchronisation étaient loin d’être désagréables, mais peut-être pas nécessaires. La sobriété du décor et des costumes faisait en sorte que notre attention restait posée sur l’essentiel : le jeu des comédiens, l’histoire. Finalement, même si tout le monde s’en sort indemne, on se rétracte. La monogamie est beaucoup plus reposante.

Une pièce de Marc Camoletti mise en scène par Nicolas Drolet? Une soirée sans prétention qui n’a rien de « boring boring ».

La prochaine pièce des Treize :

Quoi? La création (titre à déterminer)
Qui? Mise en scène : Simon Lepage, création collective
Quand? du 26 novembre au 2 décembre
Où? Théâtre de Poche

 

 

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